HISTORIQUE DE L’ETOM 00.082

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Parmi les escadrons de transport actuellement déployés outre-mer par le Commandement de la Force Aérienne de Projection (C.F.A.P), l’ETOM 00.082 est assurément celui qui est le plus éloigné de l’hexagone, et ainsi, il reste une des unités les plus méconnues de l’Armée de l’Air. Qui se douterait, en effet, que l’ETOM offre la particularité d’avoir été l’un des escadrons à avoir mis en œuvre, en près de quarante ans, le plus grand nombre d’appareils différents.

 

LA GENESE                                   

          Pour comprendre les raisons de la présence de l’Armée de l’Air dans le Pacifique, il faut remonter au 13 février 1960 à Reggane, aux confins du Sahara. Ce jour-là, la France venait de procéder à l’expérimentation de sa première bombe atomique, accédant ainsi au rang de puissance nucléaire. Mais Reggane, c’était l’Algérie. Or, en 1960, l’histoire était en marche, et si d’autres expériences purent être conduites sur les champs de tir du Sahara jusqu’en juillet 1967 à la suite d’accords spéciaux conclus avec l’Algérie nouvellement indépendante, il convenait de trouver une nouvelle zone de tir atomiques susceptible de remplacer celle du Sahara. Le choix de la DIRCEN se porta sur les dépendances françaises du Pacifique austral et c’est ainsi que naquit le Centre d’Expérimentation du Pacifique (CEP). Dès juillet 1963, les trois armées unissaient leurs efforts et leurs moyens en vue de réaliser l’infrastructure logistique du CEP dans les atolls isolés de l’archipel des Tuamotu.

 

En 1966, tout était prêt et la base interarmées de Hao voyait le jour en tant que plaque tournante et centre de commandement des sites de tir de Mururoa et Fangataufa. Présente à partir de 1964, l’Armée de l’Air prit une part importante dans la phase de construction du CEP, notamment en constituant sur place une unité de transport aérien destinée à soutenir ses bases.

 

LE GAM 82

            L’implantation d’une nouvelle unité aérienne n’est possible que s’il existe déjà un minimum d’infrastructure aéronautique et technique adaptée aux moyens aériens qui doit assurer l’accueil, la mise en œuvre et le soutien. C’est à Tahiti même, centre administratif de la Polynésie française, que l’Etat-Major de l’Armée de l’Air décida le 1er Mai 1964 de créer et d’implanter le Groupe Aérien Mixte 82 (GAM 82). En effet, à cette date, seule l’île de Tahiti disposait avec l’aérodrome de Faa’a d’une piste de 3400 mètres de longueur. Inaugurée en mai 1961, cette piste était capable de recevoir n’importe quel avion long courrier en service à l’époque. Organiquement, à sa création le 1er mai 1964, le GAM 82 comprend une escadrille d’avions de transport et de liaison ainsi qu’une escadrille d’hélicoptères. Il occupe des installations provisoires qui comprennent deux demi baraques « FILLOD » et un petit hangar métallique situé du
 côté ouest de la piste de Faa’a, non loin de la tour de contrôle. Il entretient un détachement permanent d’hélicoptères à Mururoa et un autre à Hao. En 1966 – 1967, le GAM 82 déménage et prend possession de ses nouveaux locaux au sud de la piste de Faa’a.

 

       La décision d’implanter à Faa’a le nouveau GAM 82 entraîna aussitôt la création de la base aérienne 190 qui devait servir de zone vie et de centre de support pour la toute nouvelle unité aérienne. La base support est créée le 1er février 1968 par instruction ministériel n°58/EMAA/1/ORG/DR du 8 janvier 1968. Cette base groupe les éléments air stationnés à Faa’a, à l’exception de l’escale aérienne qui dépend du district de transit du CEP. Le GAM 82 et la base aérienne sont étroitement liés au niveau organique. Ainsi, le commandant de la BA 190 est également le commandant du GAM et il est assisté dans ses fonctions d’un officier supérieur commandant en second. En matière d’emploi, il relève de l’Amiral commandant le CEP ; sur le plan fonctionnel, en ce qui concerne la mise en condition opérationnelle des équipages il dépend du Général commandant le COTAM ; et, enfin, sur le plan organique il se trouve
 sous les ordres du commandant des éléments air du CEP. Les effectifs sont peu importants à la mise en place des forces en 1964. On compte seulement 5 officiers, 13 sous officiers du personnel navigant et 9 sous officiers du personnel non navigant. Sous les ordres de son premier commandant, le Commandant Paul JAUFFRET, cette nouvelle unité devait reprendre les traditions et insignes de l’ancienne Escadrille d’Outre-Mer 82 (EOM 82) dissoute quelques années plus tôt. Ainsi donc, le « Crocodile » de l’EOM 82 ressuscitait-il au milieu des îlots coralliens pour venir décorer de sa gueule les flancs des aéronefs du GAM 82. La mise en place du GAM s’étant effectuée progressivement durant l’année 1964, les premiers mois présentent une activité aérienne moyenne avec 1830 heures de vol dans des conditions médiocres et souvent difficiles. Cependant avec les premiers tirs aériens de 1965 et 1966, le nombre d’heures de vol consommé croit rapidement et dépasse les 10.000 heures. La constitution d’un véritable parc aérien, cependant, allait s’échelonner dans le temps, et la diversité des appareils affectés en près de quarante ans à l’unité devait immanquablement lui conférer un intérêt particulier.

 

DES DEBUTS TRES CIVILS…

C’est en effet sur des appareils Breguet 763 « Provence » rachetés à la compagnie nationale Air France que le nouveau GAM 82 devait faire ses ailes. Au cours de l’été et de l’automne 1964, l’Armée de l’Air rachète, dans un premier temps, à Air France cinq de ces gros quadri moteurs. Un sixième sera racheté en janvier 1965. Les équipages du GAM 82 sont formés au Bourget au sein de l’Escadron de Transport 02/064 « MAINE », escadron qui opère déjà lui-même sur des variantes du Breguet « Deux-Ponts », les Breguet 761S et Breguet 765.

Les deux premiers « Deux-Ponts » du groupe, les Breguet 763 n°306 et 307 quittent le Bourget le 25 juin 1964 et, par la route des Indes, rejoignent Tahiti où ils se posent le 6 juillet, à 15h précises. De leurs soutes, sont déchargés deux hélicoptères Alouette II. Deux autres machines de ce type, les n°86 et n°208 ont entre temps été acheminées par la voie maritime et débarquées directement sur l’atoll de Mururoa. Le 27 juillet, le premier vol sur voilure tournante de l’escadrille d’hélicoptères du GAM 82 est enregistré. Le 23 novembre 1964 a lieu la première liaison Mururoa – Fangataufa sur ce type d’appareil.

 

Pour pouvoir mener à bien ses missions de liaison lointaine, le GAM 82 perçoit deux bimoteurs légers Piper Aztec qui, à compter du 11 juillet 1964 – date du premier vol sur ce type d’avion dans l’armée de l’air – vont reprendre à leur compte les missions jusqu’alors effectuées par l’hydravion Short Bermuda de la société RAI (Réseau Inter Insulaire – Société tahitienne de transport). Le 22 juillet de cette même année, après un vol de 4h45, en plein cœur de l’hiver austral, la ligne Faa’a – Hao est officiellement ouverte. Un mois jour pour jour après sa création officielle, le GAM dispose de huit appareils de trois types différents (Breguet 763, Alouette II, Piper Aztec) et effectue déjà de nombreuses missions diverses et variées tant au profit du CEP que du COTAM. Ainsi  les 26 et 27 juillet 1964, peu après la création du
groupe et de l’installation du CEP, messieurs Pompidou, premier ministre du Général de Gaulle, et Jacquinot, ministre d’Etat prennent place à bord d’un Breguet 763 et effectuent une visite d’inspection à Mururoa. Peu après un autre Breguet 763 ouvre officiellement le terrain de Hao, le 27 novembre précisément.

 

La veille de Noël 1964, un troisième Breguet 763 (le n°311) atterrit à Faa’a. Le 13 février 1965 un quatrième Deux-Ponts (le n°303) rejoint le GAM. Le 1er juin c’est au tour du n°305 de se poser sur l’aéroport de Faa’a en fin de journée. Le 4 octobre enfin, un sixième avion de ce type vient compléter la dotation en matière d’avions de transports lourds. Avec un poids maximum au décollage de 51,6 tonnes, à la vitesse de croisière de 340 km/h, la charge transportable du Breguet 763 était de 11.6 tonnes sur 1.800 km ou de 7 tonnes sur 3.000 km. En version commerciale cet appareil pouvait accueillir :

 

*  Soit 64 passagers au pont supérieur bénéficiant d’un bon confort et 48 au pont inférieur dans une cabine plus bruyante et où la place était mesurée.

*  Soit seulement 59 passagers au pont supérieur, le pont inférieur étant occupé complètement par le fret, son volume étant alors de 80 mètres cubes.

Code

Type

Ancien Indicatif

Indicatif AA

Indicatif GAM

82 PN

BREGUET 763

303

F-BASP

F-RAPN

F-RBPN

82 PO

BREGUET 763

305

F-BASR

F-RAPO

F-RBPO

82 PP

BREGUET 763

306

F-BASS

F-RAPP

F-RBPP

82 PQ

BREGUET 763

307

F-BAST

F-RAPQ

F-RBPQ

82 PR

BREGUET 763

311

F-BASY

F-RAPR

F-RBPR

82 PS

BREGUET 763

312

F-BASZ

F-RAPS

F-RBPS

 

Au cours de l’année 1965, l’escadrille d’hélicoptères perçoit ses dernières machines. Son parc aéronef est alors de neuf Alouette II lesquels assurent la desserte des divers chantiers sur les atolls de tir. Et occasionnellement le transport de visiteurs de marque. C’est ainsi que le 29 mars, monsieur Messmer, ministre des Armées, accompagné du Général Martin, chef d’Etat major de l’Armée de l’Air, se rendent à Fangataufa à bord d’une Alouette II du GAM après avoir été transporté par un Breguet 763 entre Papeete et Mururoa.

Ainsi équipé, dès la mi mai 65, le GAM 82 assure sans relâche les missions de liaison et de transport qui lui sont confiées par la DIRCEN au profit du CEP. Pour le transport et l’acheminement de matériels, les « lourds » sont mis à contribution et grâce à leur concours, l’achèvement des pas de tir de Mururoa et de Fangataufa interviendra dans les délais prévus. D’autres missions plus particulièrement liées aux tirs aériens viennent augmenter sensiblement le nombre d’heures de vol. Ainsi, des Breguet 763, puis des DC 6 par la suite, effectuent des aérotransports de prélèvements réalisés par des engins MATRA. Ces mêmes avions font également des mesures de radiation lors des expériences aériennes qui débutent en 1965-1966 et sont, de fait, légèrement contaminés. Fort heureusement, avions et équipages sont décontaminés à l’issue de chaque mission. De même, les hélicoptères, outre leurs missions de reconnaissance et de transports de personnels, sont mis en alerte à Mururoa. Ils ont pour mission d’aller récupérer immédiatement après le tir qui a lieu sur le même atoll, les enregistrements effectués dans le blockhaus proche du « point zéro ». De la rapidité de leur intervention dépend la possibilité, en cas d’échec, de procéder à un second tir. Ces activités spéciales donnent lieu à plusieurs témoignages de satisfaction des hautes autorités dirigeant les essais nucléaires.
En ces débuts, l’événement marquant restera pour le GAM 82 le « pont aérien » entre Mururoa et Fangataufa. La passe de Fangataufa n’ayant été ouverte à la navigation que le 18 octobre 1965 avec plusieurs mois de retard, le GAM 82 restait le seul moyen permettant d’acheminer le matériel sur l’atoll. Le GAM 82 a donc fourni un gros effort et a ainsi permis le respect des prévisions d’avancement des travaux. En quatre mois seulement, du 28 août au 30 décembre il y eut 346 rotations. Le nombre maximum de voyage hebdomadaire s’est élevé à 8 pendant la période de pointe à savoir du 25 octobre au 25 novembre au cours de laquelle en 108 missions, 975 tonnes de matériels divers furent acheminées. Pour la totalité du détachement, ces chiffres se montent à 346 rotations, 2468 tonnes dont 900 tonnes de ciment et près de 3904 passagers.

A plusieurs milliers de kilomètres de la métropole, le soutien technique des avions du GAM 82 est assuré par le Centre Industriel du Pacifique (CIP) qui dépend d’UTA et qui est chargé de l’entretien et de la réparation courante du Breguet 763. En réalité, pour la base aérienne 190 de Faa’a, le CIP fonctionne comme un arsenal militaire. Sur la base aérienne 185 de Hao, c’est le Détachement Alouette du GAM (DETAGAM) qui se charge de l’entretien 2ème échelon des Alouette II. Périodiquement, les hélicoptères y sont aérotransportés depuis leurs zones de déploiement pour y subir leurs révisions qui par ailleurs sont assez fréquentes avec la corrosion saline qui ronge véritablement les appareils exposés aux embruns marins.

(VOIR)

 

L’ARRIVEE DES DC-6

L’arrivée des DC-6 en 1966 confirme l’activité soutenue du CEP. Le 13 janvier de cette même année, atterrit le premier quadrimoteur DC-6 affecté au GAM 82. Il s’agit du n°44697, vendu à l’Armée de l’Air vers la fin de l’année précédente, et qui sous l’immatriculation 82-PY fait un bref séjour dans le Pacifique avant de retourner au « MAINE » au Bourget. Le 21 janvier, un second DC-6 (n°43834) se pose à Faa’a. Il faut ensuite attendre le 9 novembre pour voir arriver le troisième avion de ce type, un DC-6A portant le numéro 45226. Cinq autres appareils sont perçus par la suite :

                  *  n°45481 en janvier 1967

*  n°45108 en octobre 1967

*  n°45107 en janvier 1968

*  n°43819 en février 1968

*  n°43818 en avril 1968

   Compte tenu du retour des deux premiers DC-6 au sein de   l’ET 02/064 « MAINE », six avions de ce type sont alors affectés en Polynésie. Pendant ce temps, un détachement permanent est créé à Mururoa pour assurer le soutien logistique de l’atoll de Fangataufa et assurer une alerte dite « à une heure ».

 Alerte qui lui donne bien souvent l’occasion de décoller et d’évacuer quelque malade ou blessé de Fangataufa ou même de Totegegie, aux îles Gambier. Une Alouette II effectuera même un appontage inopiné, par forte mer, sur le De Grasse pour secourir deux malades à bord. Coïncidant avec l’arrivée des DC 6 l’année 1966 est aussi marquée par quatre événements majeurs :

*  Le premier concerne tout d’abord la perte accidentelle à Fangataufa du F-RBQB, un des deux Piper Aztec affecté au GAM depuis moins de deux ans. L’adjudant Belin, en détachement à Mururoa, assure une liaison sur Fangataufa. A bord, se trouvent cinq passagers. Nous sommes en août et le temps semble clément. Pourtant, vers 17 heures, alors que l’avion se présente à l’atterrissage, il tombe et disparaît à seulement 800 mètres de l’entrée de piste, sous les yeux de plusieurs témoins. Malgré les recherches entreprises immédiatement par les hélicoptères du GAM 82 et des bâtiments de la Marine Nationale, aucun corps n’est retrouvé. Après 2151 heures de vol sur ce type d’avion au sein du groupe, l’exemplaire restant quitte la Polynésie en octobre 1968 pour rejoindre, aux Antilles, l’Escadrille de Transport 00.058.

*  Puis le 9 septembre de cette même année le Général de Gaulle, président de la République, se rend à Mururoa où il assiste au tir « BETELGEUSE ». A bord d’un des deux DC 6 du GAM, il rejoint Hao pour la suite de la visite d’inspection.

*  Le 11 septembre, le groupe reçoit son insigne, crocodile noir et or sur fond bleu ciel un peu plus de deux après sa création, héritant ainsi des traditions de l’escadrille de outre mer 82 qui fut stationné à BAMAKO au Mali.

*  Enfin, le 15 octobre 1966 un nouvel accident vient endeuiller le GAM. L’Alouette II n°271 est gravement endommagé à Hao. Le pilote provoque en effet un pompage turbine qui l’oblige à se poser rapidement dans le lagon à proximité immédiate de l’atoll. La machine sera démontée et renvoyée en France pour réparation en 4ème échelon. Cette machine réintégrera le GAM 82 dans le courant de l’année 1967.

 

Mais 1966 c’est aussi l’année du retrait des premiers « Deux Ponts ». Après une brillante carrière en Polynésie, le 30 juillet 1966 le 1er Breguet (n°307) est réformé et regagne la métropole en octobre suivi du n°306 au mois d’août 1967. A l’issue des gros travaux sur les différents sites, la présence des Breguet 763 devient beaucoup moins déterminante. Les DC-6 peuvent en effet assurer très efficacement le transport de fret et de passagers. Le retrait progressif des Deux-Ponts est donc inévitable. Le 2 février 1969, le n°303 est réformé à Faa’a. Il brûlera le 14 mai dans un incendie provoqué par la mise à feu accidentelle des fusées éclairantes. L’avant est détruit, les ailes et la dérive sont démontées, le fuselage mis à la disposition de l’aéroport pour l’entraînement de la SSIS est réduit par le feu. Les réformes se succèdent à un rythme effréné. Le 27 février 1970 c’est au tour du n°312 de quitter le GAM.

Enfin, en mars 1972 le n°305 est réformé et le 4 avril le n°311 effectue son dernier vol scellant la fin des Breguet Deux-Ponts en Polynésie française. Pendant leurs huit années de présence au GAM 82, les six Breguet 763 auront totalisé plus de 23.000 heures de vol, transporté 167.600 passagers et près de 28.700 tonnes de fret. C’est une page de l’histoire qu’il faut tourner.

Avide d’événements, le GAM 82 connaît une année 1967 extrêmement mouvementée qui marque un tournant dans son histoire. En effet, c’est en 1967, le 30 octobre pour être exact, que le GAM 82 reçoit son drapeau lors d’une cérémonie officielle. Désormais cette unité de l’armée de l’air possède son propre insigne et son propre drapeau. Trois ans déjà que l’unité avait été créée et trois ans déjà qu’elle rendait des services inestimables. D’autre part l’année 1967 est particulièrement riche en heures de vol. Ceci correspond au nombre élevé des tirs aériens effectués sur les sites et en particulier, l’essai du premier engin thermonucléaire français. Le GAM 82 dispose à cette époque de cinq types d’appareils (Breguet 763 en cours de retrait, Alouette II, Cessna 411, Piper Aztec, DC-6) qui lui permettent d’accomplir les nombreuses missions, tant logistiques que tactiques qui lui sont alors demandées. La quantité de fret et le nombre de passagers transportés sont élevés durant cette période d’activité qui voit aussi le nombre des visiteurs de marque augmenter sensiblement.

 

L’ARRIVEE DES « LEGERS »

Le 3 octobre 1967, les deux premiers Cessna 411 arrivent à Tahiti : il s’agit du F-006 et du F-007. Un troisième appareil de ce type est affecté au groupe le 24 octobre 1969 : il s’agit du F-008 qui arrive directement du GLAM 1/60, accompagné par un Breguet 763. Ces appareils viennent alléger la tâche des Catalina de la Section de Liaison du Pacifique (SLP). Ces hydravions servirent principalement aux missions SAMAR jusqu’à la dissolution de la SLP le 29 novembre 1971.

Le GAM 82 exploite alors cinq DC-6, trois Breguet 763 encore en dotation, trois Cessna 411 et 1 piper Aztec qui est arrêté de vol depuis l’accident du F-RBQB. Sur les atolls, l’escadrille d’hélicoptères assure, avec six Alouette II, les missions d’aérotransport, de liaison et de sécurité sur  les champs de tir. Mais ouvrons donc une parenthèse au chapitre des hélicoptères. Le 18 mai 1968, dans le cadre de la mission Hélipoly, deux H34 sont débarqués du Transport Chaland Débarquement (TCD) ORAGE de la Marine Nationale, et affectés au GAM 82, de mai à novembre, pour les travaux préliminaires de la route traversière devant rallier la presqu’île à Papeete. Les études et relevés topographiques effectués, les deux H34 sont embarqués à bord du porte avions Clemenceau pour la France. Durant cette période le GAM a pu à nouveau s’illustrer en transportant trois passagers de marque. Il s’agissait de monsieur GALLEY, Ministre de la recherche scientifique, de monsieur SICURANI, Gouverneur de la Polynésie française et du Général THIRY, Commandant de la DIRCEN. Le 16 août 1968, ils prennent part à la visite des installations du CEP et du CEA à Tahiti et se rendent à Mururoa et Hao à bord d’un mystère XX du GAM. Ce dernier, en provenance du GLAM, est mis à la disposition de l’Amiral commandant la Groupement Opérationnel des Expérimentations Nucléaires (GOEN) pour effectuer les liaisons entre Faa’a et les sites. Cet appareil effectuera 5 séjours en Polynésie française avant de retourner à VILLACOULBAY le 19 novembre 1979 après avoir effectué pas moins de 760 heures de vol sous l’insigne du « Crocodile ».

Du 8 au 31 mai 1969, deux équipages du GAM 82 effectuent une mission de transport au profit de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN) qui est probablement une des plus appréciées tant au point de vue touristique qu’aéronautique. A bord des DC 6 PW et PU, ils effectuent via Honolulu et Los Angeles, le trajet Acapulco, Lima, Cuzco, Brasilia, Rio de Janeiro, Sao Paulo, Point à Pitre, Nouvelle Orléans pour rentrer à Faa’a par San Francisco et Honolulu. Le GAM 82, par l’intermédiaire du COTAM, reçoit pour cette mission, les félicitations, en date du 29 mai, du Général directeur de l’Institut. Il reçoit également des félicitations pour de nombreux sauvetages et recherches en mer, comme le 21 novembre 1966 lors du sauvetage par hélicoptère, d’excursionnistes en difficulté dans la montagne de Tahiti.

Les années suivantes sont aussi riches en événements, telle l’escorte SAMAR (le 18 octobre 1970) de l’avion du Prince Charles d’Angleterre en voyage aux Marquises, la visite d’une équipe de journalistes de l’ORTF en 1971 ou encore la tournée d’inspection du Général GAUTHIER en 1972 lorsque il était chef d’Etat major de l’armée de l’air. Malgré toutes ces missions ô combien valorisantes pour l’escadron, trois nouveaux incidents viennent ternir l’image du GAM :

*  Le 29 novembre 1970, l’Alouette II n°247 décolle pour une mission d’aérotransport dans la montagne de Tahiti. Vers 11 heures du matin, l’appareil n’étant pas rentré, les recherches sont déclenchées, le DC-6 F.RBPY décolle et ce n’est que vers 14 heures que l’Alouette est découverte dans le lac Vaihiria. Les conséquences pour l’équipage seront sans gravité mais la machine sera quant à elle détruite. 

*  Six mois plus tard, le 5 juin 1971, un accident entraîne la perte, à Hao, du Cessna 411 F-007 qui coûte cette fois-ci la vie à l’équipage. Cet incident décide l’Etat major de l’Armée de l’Air à retirer ces avions du Pacifique, au début de l’année 1973, en raison des effets néfastes de la corrosion. Le dernier vol du groupe sur cet avion est effectué le 13 mars 1974, alors que le Cessna 411 F-008 se pose sur Faa’a. L’unité totalise alors 5288 heures de vol sur ce type d’appareil. Les deux appareils restants sont démontés et mis en caisse avant d’être convoyés vers la métropole et livrés au CEV où ils finiront leur carrière.

*  Enfin, le 16 mai 1972, l’Alouette II n°90 disparaît en mer au large d’Amanu avec son pilote.

Pour pallier au retrait des Breguet 763, deux Nord 2501 sont affectés à Tahiti pour les missions logistiques. En effet, les DC 6 ne peuvent à eux seuls assurer le transport de fret volumineux et de passagers vers les atolls notamment entre Mururoa et Fangataufa, mais également entre Tahiti et les atolls où des postes militaires sont installés. C’est pour cette principale raison que l’Etat major met en place ces deux Noratlas au sein du GAM 82. Le n°163 arrive à Faa’a le 23 décembre 1973 suivi par le n°187.

Ces grands changements se ressentent sur l’activité aérienne. L’année 1969 est beaucoup moins florissante en heures de vol. Malgré un trafic important en 1970 et 1971 permettant d’effectuer plus de 10.000 heures de vol, les années qui suivent accusent un déclin notable et avoisinent les 9.000 heures pour décroître nettement en 1975. Cette baisse correspond en réalité à l’arrêt des tirs aériens au profit des expériences souterraines. A la vue de ces dernières lignes, il est clair que le GAM 82 est une unité riche en faits marquants et en actions d’éclats de toutes sortes. Le 27 décembre 1974 l’escadron transporte son millionième passager qui est, en fait, une passagère.

 

LA NAISSANCE DE L’ETOM 82

Le 1er avril 1976, le COTAM procède dans un but de standardisation, au changement de dénomination de ses unités aériennes outre-mer. C’est ainsi que le GAM 82 devient l’Escadron de Transport Outre-Mer 82 par décision n°368/DEF/EMAA/ORG du 24 février 1976. Les missions de l’ETOM 82 recouvrent sensiblement celles du GAM 82. Au point de vue opérationnel, elles consistent en la tenue d’une alerte permanente à trois heures, en évacuations sanitaires exécutées dans la majorité des cas au cours de lignes régulières (environ 120 malades assis et 60 couchés par année), et en observations météorologiques fournissant un complément d’informations permettant de préciser la situation météo avant chaque tir. Ceux-ci, nous l’avons déjà vu, sont devenus souterrains depuis 1975.

Reprenant sensiblement les structures du GAM 82 à l’extinction de celui-ci, l’ETOM 82 occupe les mêmes locaux au sud de la piste de Faa’a. Il est organisé à la manière d’un escadron de métropole. C’est une unité COTAM mise pour emploi à la disposition de la DIRCEN. Elle exécute les missions qui lui sont ordonnées par cet organisme, par l’intermédiaire du Bureau Opérations, et sur ordre du Bureau des Transports en ce qui concerne les missions à caractère logistique.

Le nombre d’heures de vol consommé décroît beaucoup à partir de 1975 pour se maintenir à 5.000 heures en 1976, à la création de l’ETOM. Ce total descend à 3.000 heures à partir de l’année 1977. Ces chiffres s’expliquent par les départs successifs des deux Noratlas le 14 avril 1976 ; appareils qui rejoignent la métropole à la 64ème Escadre de Transport après avoir effectué 1446 heures de vol en 1262 missions sous l’insigne du « Crocodile ». Mais on peut aussi voir dans cette baisse une toute autre explication. En effet, le début 1976 est aussi marqué par la fin de la flotte Alouette II du CEP, composée de quatre unités. Trois heures de vol sont effectuées début janvier par les dernières machines de l’escadrille d’hélicoptères, qui cesse son activité après 21.736 heures de vol au sein du GAM 82. Les machines sont démontées et mises en caisse pour être réexpédiées vers la métropole, à l’exception de l’Alouette II n°242 qui est dirigée vers la Nouvelle-Calédonie pour constituer l’embryon de l’ETOM 00.052 à La Tontouta.

C’est également à cette époque que les DC-6 quittent progressivement le Pacifique. Le premier avion Douglas à quitter la BA 190 est le n°45107 qui décolle à destination d’Evreux et de l’ET 2/64 « MAINE » le 19 juillet 1976, suivi le 13 septembre par les n°43818 et 45108 le 1er novembre. Au début de l’année 1977, les deux derniers DC-6 n°45226 et 43819 quittent le sol tahitien. Tous ces appareils rejoignent l’ET 02/064 « MAINE » où ils servirent au transport de personnalités et de fret. Les quadrimoteurs Douglas auront séjourné un peu plus de 11 ans en Polynésie. Durant cette longue période, ils ont effectué un total de 61.880 heures de vol, transporté 833.350 passagers et 33.780 tonnes de fret. Leur mission principale se bornait au ravitaillement entre Faa’a et les sites de Mururoa, Fangataufa, et Hao. A cela se sont ajoutés, comme à l’accoutumée dans le transport militaire, d’autres missions :

*  Missions liées aux tirs.

*  Missions d’évacuation sanitaire.

*  Missions à caractère humanitaire.

*  Missions de transport de personnalités et personnels civils du territoire sur les îles.

*  Convoyage au Bourget pour les révisions générales.

*  Missions d’accompagnement des P2 depuis Los Angeles et des N 2501 jusqu’à Pago Pago.

*  Recherche SAMAR.

*  Missions d’entraînement des équipages.

En 1976, un DC-6 participe aux recherches de l’Orataio, bateau de plaisance perdu en mer. A cette occasion, le record de durée de vol sur ce type d’appareil a été battu avec un total de 15h40 de vol consécutives. Il convient aussi de signaler tout d’abord l’incendie qui détruisit le 82-PC le 18 mai 1969 ainsi que le prêt du n°45472 détaché de l’ET 02/064 « MAINE » de février à novembre 1974. Fidèle aux traditions initialement acquises, l’ETOM 82 continue, par la qualité de son travail, à être cité en exemple. En effet, le 30 août 1977, le message n°2733/COTAM/CAM/CH du 15 juin 1977 attribue à l’Escadron la médaille de bronze du Service de Santé des Armées.

 

UNE NOUVELLE ERE

 Pour reconstituer le parc aérien du tout nouvel ETOM 82, le Ministère de la Défense décide d’acquérir trois avions pour remplacer les DC-6 de la DIRCEN. Son choix se porte sur des SE 210 11 R  « Caravelle » sortant de révision. Le premier appareil, le n°240 (ex 90-CLC d’AIR ZAIRE) arrive à l’escadron le 4 août 1976, suivi le 2 septembre par le n°251 (ex 90-CLD également d’AIR ZAIRE) et le 28 décembre par le n°264 (ex EC-BRJ d’IBERIA). Ces appareils sont arrivés à Tahiti par l’itinéraire suivant :

LE BOURGET - ISTANBUL - KOWEÏT - BOMBAY - BANGKOK - SINGAPOUR - BALI - DARWIN - NOUMÉA - PAGO PAGO - PAPEETE

 

Pour la petite histoire, le mercredi 4 août 1976, le Colonel CALDERON, adjoint air, et son équipage arrêtent la première Caravelle du CEP face au hangar de l’UTA/CIP. La Base aérienne offre un petit cocktail pour célébrer l’événement, puis l’avion est livré aux mains des techniciens du CIP avant de recevoir ses premiers passagers le lundi 9 août 1976. Entre-temps la machine a provisoirement changé de propriétaires. Fidèle à ses traditions l’aéronavale a apposé des ancres de marine sur les cocardes des réacteurs. L’affront est vite effacé, mais les « aéro » ne s’avouent pas battus pour autant. La Caravelle que nous découvrons lundi 9, si elle a retrouvé ses propriétaires a changé de constructeur : il s’agit d’un appareil « aéronavale » SE 210 n°240. Dès le lendemain cependant l’aérospatiale a repris son bien. Ces trois avions ayant porté les couleurs de compagnies civiles étrangères prennent les codes et marques suivants :

N° série

Ancien Indicatif

Ancienne Cie

Indicatif ETOM

Nom Baptême

Premier Vol

240

9Q.CLC

AIR CONGO

F-RBPR

TOREA

19 Oct 1967

251

9Q.CLD

AIR CONGO

F-RBPS

MAIRE NUI

09 Oct 1968

264

EC.BRY

IBERIA

F-RBPT

TEVA

12 Sept 1969

 

 Ces trois Caravelle sont équipées d’une porte cargo pour permettre la manutention rapide du fret ou de sièges palettisés. Le mode d’exploitation inter insulaire des « Caravelle » impose des changements fréquents systématiques en leur configuration pour les adapter aux différentes missions (fret, passagers ou mixte). Dans un souci d’économie et de gain de temps, il a été décidé d’installer un certain nombre de sièges sur des palettes « Quick Change » utilisables avec le système d’arrimage automatique de palette de la « Caravelle ». Il est en effet possible d’équiper ces appareils en différentes versions :

*  57 sièges + 2 palettes de fret.                 

*  72 sièges + 1 palette de fret.

                                                                              *  90 sièges.

                                                                              *  Tout cargo.

                                                                              *  Igloo sanitaire.

     Au départ de Faa’a, il faut maintenant 2h00 pour rallier Mururoa et 1h30 pour Hao. Les Caravelle assurent d’ailleurs 12 lignes régulières hebdomadaires sur ces destinations, avec une alerte permanente à 3 heures pour évacuation sanitaire, et participent aux observations météo pendant les campagnes de tir. En plus de ces missions les Caravelle de l’ETOM effectuent bon nombre de missions de services publics. A ce titre, dans la nuit du 14 au 15 février 1978, deux Caravelle décollent sur alerte pour MURUROA. Elles ont pour missions de ramener à PAPEETE un contingent de légionnaires destiné à maintenir l’ordre dans la prison de Faa’a où une mutinerie très violente s’est déclarée. Quelques heures plus tard les hommes sont sur place prêts à intervenir. L’ETOM reçoit les félicitations des autorités pour sa rapidité d’intervention.

Considérablement renforcé par la mise en service des Caravelle, l’ETOM 82 se trouve tout de même dans l’impossibilité d’intervenir sur les atolls, qui ne peuvent accueillir ces biréacteurs. L’arrivée au mois de novembre 1978 d’un DHC-6 Twin Otter (F-RBPU) va donc permettre d’accroître considérablement les possibilités de liaisons et d’interventions sanitaires de l’ETOM. Cet avion, acheté au titre du marché NP 78-41334 MTA/WSH du 29 mars 1978, réceptionné le 1er novembre à l’usine De Havilland à Toronto, et convoyé par l’Europe et la route des Indes en 19 jours, arrivera à Faa’a le 22 novembre près avoir emprunté l’itinéraire suivant :

*     TORONTO

*     GOOSE BAY

*     KEFLAVIK

*     LE BOURGET

*     HERAKLION

*     DAMAS

*     DUBAI

*     MASQUAT

*     MADRAS

*     PENANG

*     BALI

*     DARWIN

*     TOWNSVILLE

*     NOUMEA

*     NANDI

*     PAGO - PAGO

*     PAPEETE

 

 

 

 

Il est ensuite pris officiellement en compte par l’Armée de l’Air le 25 novembre, les quatre pilotes de l’ETOM effectuant leur transformation du 28 novembre au 9 décembre. Mis à la disposition du COMSUP, cet appareil est équipé d’un système de navigation OMEGA, d’une instrumentation COLLINS, d’un pilote automatique avec directeur de vol et d’un radar météo RCA PRIMUS. En version passager il peut transporter jusqu’à 17 personnes et peut rallier Hao en 3h30. Le 16 juin l’Escadron effectue la 5.000ème heure de vol en « Caravelle » sur le trajet Faa’a – Hao – Faa’a. Du 18 au 21 juin 1979, l’unité à l’honneur de transporter Monsieur Valery Giscard d’Estaing alors Président de la République et son épouse, accompagnés du
 Directeur du centre d’Expérimentations du Pacifique (CEP), vers les sites de Mururoa et Hao, à bord de la Caravelle F-RBPS.

 

LA RENAISSANCE DU « MAINE »

Le 22 juin 1979 marque un tournant dans la vie de l’ETOM. Le Général de brigade aérienne FLACHARD, commandant le Transport Aérien Militaire, confie à l’ETOM 00.082 le fanion et les traditions de l’Escadron de Transport « MAINE » lequel avait été dissous à EVREUX le 1er juillet 1977 alors qu’il volait sur Douglas DC-6.

PARAHI « CROCODILE » E MAEVA « MAINE »

L’activité aérienne est soutenue avec une moyenne de 2.900 heures de vol par an pour les SE 210 et le 28 février 1980, le tout nouveau « MAINE » fête les 10.000 heures des « Caravelle ». C’est aussi 250.000 passagers et 10.000 tonnes de fret transportés avec régularité et sécurité en moins de 4 ans dans le ciel polynésien. C’est encore 890 hommes et femmes évacués sanitaires vers les hôpitaux de Tahiti. A ce titre, le 19 janvier 1979, l’action combinée de deux appareils de l’escadron permet une EVASAN spectaculaire. Un cargo canadien croisant à 600 nautiques au sud de l’archipel des Gambier signalait par radio qu’un officier du bord était très sérieusement malade. A portée pratique, une Alouette III de l’ETOM décollait pour rejoindre le cargo à la mer et ramener le malade à Mururoa. Peu après, il était amené à bord de la « Caravelle » régulière et regagnait l’hôpital de Papeete.

Ainsi revalorisé, l’ETOM 00.082 entame une nouvelle vie sous les couleurs du MAINE qui fut curieusement le premier et le seul escadron métropolitain de l’Armée de l’Air à utiliser des Breguet Deux-Ponts avant de les léguer au GAM 82, auquel il a, par un heureux et étrange retour du sort également transmis son nom et son fanion. Au début de l’année 1980, le tout nouveau « MAINE » est alors en possession de 3 Caravelle, 1 DHC6, et 5 Alouette III, des appareils extrêmement performants pour l’époque et parfaitement adaptés à la région et aux missions qui leurs sont demandées. L’escadron est alors scindé en deux escadrilles bien distinctes notamment sur la plan géographique. En effet, alors que l’escadrille avion reste basée sur la base aérienne 190 de Tahiti Faa’a, la toute nouvelle escadrille d’hélicoptères se trouve stationnée sur la BIA de Mururoa.
Les années 80 voient l’activité aérienne sans cesse diminuer principalement en raison d’une diminution des essais nucléaires et des deux crises pétrolières qui affectèrent lourdement le budget de la Défense. Toutefois, dès 1982, la DIRCEN a recherché un hélicoptère de moyen tonnage apte à effectuer des liaisons avec la barge-hôtel « Super Tila » et prêt à remplacer les Alouette III. Elle a porté son choix sur trois hélicoptères AS 332 « Super Puma ». Le marché est notifié en décembre de la même année et les livraisons sont échelonnées du 21 mai au 9 août. Embarqués sur le RODIN ils sont débarqués à MURUROA le 5 octobre et effectuent leurs premiers vols vers le 7 octobre. Il s’agit des appareils n°2014, 2057, et 2093. La première mission opérationnelle est effectuée le 24 octobre. Capable de transporter 17 passagers en version confort, il peut également emporter de 2.000 à 3.000 kg de fret en soute suivant la longueur de la mission et 4.500 kg maximum en charge offerte extérieur. Grâce à ses 8 réservoirs de carburant, le Super Puma a un rayon d’action de plus de 300 nautiques à la vitesse de croisière de 130 knots. Equipé de flottabilités de secours, d’un système de navigation Omega, d’un radar météo et d’équipements radio et de navigation performants, cet appareil bi-turbine autorise des missions de convoyage, de treuillage ou de transport à l’élingue. C’est à l’escadrille hélicoptères de l’ETOM 00.082 « MAINE »  que revient le privilège de mettre en œuvre ces appareils, premiers types mis en service dans les armées françaises.
 A part, l’arrivée des Super Puma au sein de l’escadrille d’hélicoptères, l’ETOM ne connaît pas de grands changements durant cette décennie tant sur le renouvellement de ses appareils qu’au niveau de ses missions. L’escadron continue de s’illustrer au travers d’autres missions à caractère humanitaire. Durant l’année 1982, en mars, c’est au secours des Tonga, ravagés par un cyclone, que se porte l’ETOM 00.082. De Faa’a à Nuku a Lofa, l’escadron transporte près de 8 tonnes de denrées et de matériel de secours au profit des sinistrés. Puis, en 1983, année marquante suite au passage sur Tahiti du cyclone Veena, dans le cadre du plan ORSEC, l’unité, et en particulier l’escadrille d’hélicoptères est mise à contribution de façon intensive au profit de la
population éprouvée par le sinistre, en effectuant un nombre important d’EVASAN durant tout le mois d’avril.

 

 

L’année 1984 est plus réjouissante car elle voit l’ETOM fêter ses 20 ans de présence en Polynésie. Vingt ans, le plus bel âge, même pour un escadron de transport, qui a largement fait ses preuves et pas encore fini sa carrière. Car ces 20 années représentent 151.000 heures de vol, 65.000.000 kilomètres parcourus, 1.500.000 passagers et 55.000 Tonnes de fret transporté. Cette même année, l’escadron a l’honneur de transporter à bord de ses avions et hélicoptères de nombreux d’hôtes de marque :

* Monsieur Charles HERNU, ministre de la défense.

*  Le Général Clariond, commandant le transport aérien militaire.

*  Monsieur GATEL, secrétaire d’état à la défense nationale.

*  L’Amiral Crowe, commandant l’US NAVY dans le pacifique.

En dehors de ses missions courantes, le « MAINE » continue comme par le passé à venir en aide aux populations, comme le 21 janvier 1985 où il achemine du fret et des vivres aux populations des îles Fidji, ravagées par NIGEL, un cyclone particulièrement meurtrier. Les Caravelle effectueront également de Rangiroa à Faa’a un certain nombre de vols au profit de l’UTA, un DC 10 de la compagnie étant contraint à l’atterrissage d’urgence sur cet atoll des Tuamotu suite à une alerte à la bombe. De 1980 à 1986 le nombre d’heures de vol consommées pour les trois types de machines (SE 210 – DHC 6 – AL III) passe de 3700 heures environ à 5000 heures, dès 81. On notera qu’à partir de 1984, année d’arrivée des Super Puma à l’ETOM, le potentiel alloué aux Alouette III chute de 1600 heures à 1000 heures annuelles. L’activité des Caravelle durant toute cette période restera voisine des 3000 heures par an.

Le Twin Otter effectue sa dernière mission le 8 décembre 1986 au sein de l’ETOM 00.082 avant d’être rayé des contrôles, puis démonté et mis en caisse par UTA / CIP. Il sera embarqué à bord du TCD Orage le 14 janvier 1987 et regagnera la métropole pour revoler au sein du GAEL à VILLACOUBLAY. Cet avion, baptise « MAUI » aura effectué plus de 4120 heures de vol et rendu d’inestimables services.
En 1987 l’activité aérienne s’est vue amputée de 500 heures sur le potentiel d’utilisation « Caravelle ». Ceci est dû en partie au fait que les DC 8 se posent à Mururoa en arrivant de Métropole et que l’activité des sites est mise en sommeil hors expérimentations. Certaines compensations viennent toutefois équilibrer cette chute de potentiel par une augmentation du potentiel Super Puma et une légère tendance à la diversification des lignes Caravelle. Les années 80 se terminent et voient l’arrivée du dernier Super Puma au sein de l’ETOM en septembre 1989. Il s’agit du n°2244 qui est la version longue de l’AS 332 développée par Eurocopter. L’unité est alors dotée de 4 Super Puma, 3 Alouette III et toujours de ses trois bonnes vieilles Caravelle.

 

LA FIN DES ESSAIS NUCLEAIRES

 

Le gel des essais nucléaires décidé par le président MITTERAND lors de sa venue en Polynésie française pendant son second septennat a conduit à un très net ralentissement de l’activité du « Maine » au début des années 90 et notamment celle des Caravelle puisqu’elles ne pouvaient utiliser que les pistes de quatre îles sur les 118 que compte le territoire tout entier à savoir Faa’a, Hao, Mururoa, Rangiroa. Ces trois machines  commençant à se faire vieillissante et le coût de leur entretien augmentant de façon exponentielle, le problème de leur remplacement s’est donc posé. La DIRCEN, dont les jours sont comptés puisque le démantèlement effectif des sites se profile à l’horizon, ne tenait pas à acquérir de nouveaux appareils. Un compromis a donc été trouvé avec l’Armée de l’air, qui devrait à terme récupérer les hélicoptères,
avec l’affectation de deux avions de transport léger. Le choix du type de machine dans la flotte du CFAP s’est donc porté sur le Casa-Nurtanio 235-100 car il s’avérait mieux adapté que le C160 au regard de la charge moyenne transportée et de ses performances par température élevée, ses turbines étant plus modernes que celles du Transall et leur puissance se dégradant moins avec le chaleur. Cet avion dispose d’une avionique moderne avec un tableau de bord doté d’un EFIS, ainsi que d’écrans cathodiques pour la visualisation. Combinant passagers et fret, le Casa peut parcourir une distance franchissable de 1800 à 2600 Nm avec une masse maximale de 15,8 tonnes au décollage. Le premier appareil destiné à l’ETOM aurait dû arriver à Tahiti durant l’été 1995, mais l’annonce de la reprise des essais par le président Chirac le surprit lors de son convoyage en escale à Bali. Obligé de ravitailler ensuite soit en Australie, soit en Nouvelle Zélande, il dut faire demi-tour et rentrer en métropole devant le refus de ces deux pays.

Les Caravelle étant déjà pratiquement retirées du service, il fallait absolument trouver une solution de remplacement pour assurer le regain d’activité lié à la reprise des essais. Le 18 septembre 1995 la Caravelle n°240 baptisée TOREA effectue son dernier vol sous les couleurs du « Maine » avant d’entamer une nouvelle vie dans le transport civil belge. Deux C160 NG furent donc détachés au « Maine » de juillet 1995 à avril 1996, ceci en complément du détachement qu’effectue un des deux Transall de l’ETOM 00.052 de Nouméa quatre fois par an. Cet escadron fournira également un Puma d’août 1995 à avril 1996 pour renforcer la protection des sites à cause des tentatives d’intrusion de la part de mouvements écologistes. Ces appareils seront basés à Faa’a durant leur présence sous les couleurs du Maine.

 Pendant ce temps, le site de Mururoa héberge toujours les Super Puma du Maine, désormais au nombre de trois depuis le crash accidentel du n°2057 en février 1991 lors d’une séance d’entraînement aux procédures d’urgence. Les alouette III entament quant à elle leur dernières heures au sein de l’unité. Elles seront retirées du service le 31 décembre 1993 pour rejoindre la métropole. A la reprise des essais nucléaires en 1995, l’escadron est toujours scindé en deux :

* Une escadrille avions basée à Faa’a composée de seulement deux Transall depuis le départ des Caravelle et en attendant l’arrivée des deux Casa.

                                                                                                          * Une escadrille hélicoptères basée à Mururoa composée de

                          trois Super Puma.

Provenant de la réorganisation du CEP, le 1er août 1995, la Base Aérienne 190, nouvellement baptisée Sergent JULLIEN depuis le 24 juin 1992, n’est plus placée sous le contrôle opérationnel de la Direction des Centres d’Expertises Nucléaires, mais relève des forces de souveraineté tout en gardant sa mission opérationnelle au profit de la DIRCEN. Comme toute unité de transport de l’armée de l’air, l’ETOM dépend du CFAP, le Commandement de la Force Aérienne de Projection, mais est sous le commandement opérationnel de la DIRCEN, c’est à dire que c’est elle qui donne les ordres opérationnels. Le « Maine » est en effet subordonné à 3 autorités différentes, à savoir le CFAP pour le fonctionnement et l’instruction de son personnel et pour son emploi à la DIRCEN, qui dépend elle directement du Président de la République ainsi qu’au COMSUP, le Commandement des Forces Armées du Pacifique Sud chargée de coordonner l’action des forces françaises dans la région. Malgré tout, les missions humanitaires et de service public représentent une part de plus en plus importantes des heures de vol effectuées par le « Maine ». A titre d’exemple on peut citer les nombreux transports de vivres et d’eau effectués en mai 1993 suite au tremblement de terre à Futuna, les 6 évacuations sanitaires réalisées par les appareils de l’ETOM en seulement 10 jours durant l’été 1994 aux Australes, et, le transport des piroguiers de Faa’a pour les championnats du monde de Va’a à Apia.
Le premier Casa arrive à Tahiti en janvier 1996, tandis que le second se pose sur la piste de Faa’a en mars de la même année coïncidant avec le départ du C160 F217  Le second C160 quitte le sol polynésien en avril avec à son bord le Puma n°1351 pour rejoindre l’ETOM 00.052 de Nouméa. Ces changements précipitent le retour d’un des trois Super Puma sur la BA 190. Ce dernier est utilisé pour des missions de transport classique dont les 4/5ème se font au profit du COMSUP malgré l’appartenance DIRCEN.

  

L’ETOM 00.082 AU XXIème SIECLE

Le 1er août 1998 avec la disparition de la DIRCEN c’est une page de l’histoire qui se referme. La BA 190 assure alors ses missions opérationnelles dans le cadre de celles relevant du COMSUP des forces armées en Polynésie française. Les trois Super Puma sont reversés à l'Armée de l'Air, et, alors que le n°2093 rejoint la métropole suite à un incident, les deux autres (n°2057 et n°2244) sont rapatriés sur Faa'a. La fermeture de la BIA d’Hao en juillet 2000 ne fait que confirmer la volonté politique de notre gouvernement de mener désormais ses essais en laboratoire et par informatique.

 

 

 

L’organigramme diffère très légèrement de par la disparition du CEP. Ainsi, l’escadron de transport outre mer 00.082 « MAINE » demeure toujours une unité de la Force aérienne de projection (FAP) mise dorénavant seulement pour emploi auprès du commandement supérieur des forces armées en Polynésie française (COMSUP). Cette unité, implantée sur la Base aérienne 190, possède une composante « avions » et une composante « hélicoptères ». Les missions attribuées à l’ETOM sont assurées par les appareils de type CASA 235 et Super Puma, conformément à l’ordre particulier d’emploi n°248 du CFAP. Respectant les normes d’emploi et optimisant leurs qualités respectives, ces missions entrent dans la typologie suivante :

*      Missions de maintien des compétence des forces de souveraineté

Ces missions sont effectuées aussi bien lors d'exercices majeurs interarmées de type MARARA, CROIX DU SUD que dans le cadre d'entraînements mutuels avec les unités des différentes armées ou directions présentes sur le territoire.

Dans ce cadre, le Casa peut être amené à effectuer des aéroportages d'assaut (personnel, matériel ou mixte) et des aérolargages (personnel, petit colis) dès lors que les personnels Terre qualifiés largueurs sont disponibles sur le territoire (compagnie tournante ou personnel de Nouvelle-Calédonie). Le Super Puma peut utiliser dans ce contexte les savoir-faire suivants : aéroportage tactique, aérocordages (grappe, rappel), hélitreuillage, VERTREP, sling ou swing de matériels lourds, reconnaissance…

            *      Missions de soutien logistique au profit des forces de souveraineté

Des missions d'aérotransport logistique assurent une partie du soutien logistique du site de MORUROA (relève de personnel, soutien de l'homme, évacuation sanitaire…). D'autres sont effectuées au profit d'unités assurant des missions de présence (Bougainville, La Pérouse, chantiers de coopération…), au profit de la gendarmerie et du S.M.A. (Service Militaire Adapté) et au profit des autorités.

Les missions Casa ou Super Puma effectuées dans ce cadre sont de type aérotransport de passagers, de matériels ou mixte. Dans ce cadre, le Super Puma peut également utiliser les savoir-faire suivant : sling, swing, VERTREP.

             *      Missions d'aide humanitaire et de service public

Recherche et sauvetage de jour uniquement à terre (SATER), en mer (SAMAR) en complément des moyens de la Flotille 25 F (Casa et Super Puma).

Secours en mer (SECMAR) (Casa et, fonction de la distance, Super Puma).

Evacuations sanitaires (EVASAN) (Super Puma en moyen obligé sur les îles éloignées sans piste d'atterrissage ; Casa et Super Puma en moyens complémentaires dans les autres cas).

Aide aux sinistrés / secours aux populations par aérolargage (Casa), "aéroportage" (Casa, Super Puma) et/ou sling/swing (Super Puma) / Recherche de disparus.

Concours au profit de la gendarmerie pour la lutte anti-drogue (Transport par Casa,  reconnaissance / découverte des sites de culture par Super Puma).

    *       Missions de maintien en condition opérationnelle des équipages

- Maintien des compétences logistiques et tactiques.

- Développement des compétences particulières de type largage de chaîne SAR (Casa 235) et appontage sur frégate de surveillance (Super Puma)

En 2002 l’activité aérienne est ramenée à un peu moins de 1800 heures de vol (1160 heures pour les Casa et 620 heures pour les Super Puma). Les Casa de l’ETOM réalisent chaque année plus de 300 heures de vol à destination de l’atoll de MURUROA afin de procéder au ravitaillement des troupes du RIMaP-P stationnées sur place ainsi qu’aux relèves en personnels.

 

 

Même si les avions changent, les hommes restent les mêmes. Les équipages, conscients de leur mission, se font un honneur de rester toujours disponibles et d’assumer toutes leurs tâches avec un maximum d’efficacité. Et pour l’îlien éloigné sur son atoll, l’hélicoptère blanc reste un symbole de réconfort et sera toujours le bienvenu. En plus de 38 ans de présence dans le Pacifique Sud, l’Escadron de Transport Outre-Mer 00.082 « Maine » autrefois nommé GAM 82 s’est illustré de manière valeureuse et courageuse. Totalisant plus de 200.000 heures de vol, il a su « faire face » à tous moments et dans toutes les situations.

Cne Gosselin Officier Tradition  ETOM 00.082 - 27 avril 2003

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(VOIR)

Communication Marc Gosselin