Polynésie française

 

 

 

 

 

Le GAM 82 dans le Pacifique   1966-1967

Fin novembre 1966, nous sommes une vingtaine de pilotes et mécaniciens "hélico" à embarquer à Papeete sur le bateau-vie "Maurienne", pour revenir à Mururoa que nous avions quitté un mois plus tôt, au moment des premiers tirs atomiques français dans le Pacifique. Cinq "Alouette II" sont posées, bâchées avec leurs pales repliées, sur la DZ arrière. La manœuvre fut plus rapide qu'à l'aller où les machines avaient été démontées pour être "enfournées" dans les soutes des Breguet - Deux - Ponts et d'un DC6 cargo. Pour charger les Breguet, pas de problème. Mais pour le DC6 cargo, je ne vous dis pas le "cirque" ! D'abord, son unique porte latérale gauche se situe à 4 ou 5 mètres au dessus du parking... Un "instruit" avait mesuré ladite porte et avait décrété :"...ça doit passer...". A l'escale de Mururoa, il n'y avait que 2 minuscules "Fenwick", à l'équilibre instable; après moult palabres et démontages de la pauvre "Alouette", le Commandant de bord du DC6, rouge de colère, décolla avec 4 heures de retard et plus un poil de sec ... Bref ! Nous sommes sur le bateau pour le retour. Ma cabine se trouve au-dessus des machines, à côté de la laverie... Elle est très étroite, toute en longueur et comprend 3 lits superposés. Ma couchette est tout là-haut, à 50cm du plafond. La chaleur est étouffante et les bruits du moteur et de la laverie  sont insupportables. Avec les deux autres collègues on finit par s'habituer à la longue, mais nous préférons aller souvent sur le pont,  à la fraîcheur.     Penchés sur le bastingage, l'eau, défilant sous nos yeux, donne la vitesse réelle du navire qui fend la mer en se balançant doucement. De cette eau bleue, subitement troublée, monte un bruit de clapotis et de pétillement de bulles d'écume. Derrière nous, le long sillage phosphorescent attire les frégates et autres oiseaux marins qui se battent pour gagner leur nourriture. La houle est légère, calme, reposante.   Le voyage dure deux jours environ. D'un seul coup, les machines changent de rythme. Déjà, se dessinent les cocotiers de notre atoll où le vent, souvent fort ici, remue violemment leurs palmes. A intervalles réguliers, les vagues se brisent sur le corail en formant de belles gerbes blanches. Le navire entre au ralenti dans la passe très large de Mururoa. Nous sommes tous sur le pont afin d'assister à l'accostage, manœuvre toujours délicate à réussir. De nombreux marins et légionnaires attendent sur le quai. Bientôt, nous débâchons les "Alouette" et décollons pour rejoindre notre hangar. Une surprise nous attend : des tôles se sont envolées, des pierres et des palmes de cocotiers jonchent le sol. Nous sommes légèrement contaminés au cours du nettoyage. On est tous priés d'aller prendre une douche salvatrice... Le lendemain, le survol de la magnifique cocoteraie de Faucon ne laisse voir qu'un triste champ de bataille aux troncs d'arbres calcinés... L'endroit était particulièrement vert avant les tirs. Certaines zones de l'atoll sont interdites de survol pour de nombreuses années... Avec le lagon contaminé, il nous est interdit de nous baigner, de pêcher et de ramasser les coquillages. En vol, par endroit, on peut apercevoir de vastes tâches rougeâtres, comme des plaques de mazout qui flottent. En réalité ce sont des bandes de méduses minuscules qui s'agglutinent. D'où viennent-elles ? Jamais elles n'avaient été vues auparavant. Je ne sais si l'énigme a été résolue depuis... Au ras de l'eau, au milieu du lagon, on largue des plongeurs du CEA qui ramassent des échantillons divers pour analyses. Ils nous contaminent, ainsi que les machines, en remontant par le treuil. Il faut rincer le tout au retour, et passer au compteur Jaeger avant et après la douche. Nous continuons les norias en transportant les personnels et les matériels en hélicoptère afin de ravitailler les différents points où auront lieu les prochains tirs. Après un certain temps, on peut à nouveau se baigner. La vie reprend son cours normal jusqu'à la campagne suivante, en 1967.

(extrait du livre de C. Vincent : "Planer, mon rêve !")

(VOIR aussi)

 

 

Le Bâtiment Base "Maurienne"

Survol de l'aéroport de FAAA - Papeete - Tahiti

Moorea,  les huiles au resto, les équipages au "boulot"...

Tahiti et la barrière de corail

Le paradis ?... Mururoa...

En approche du lagon... (Alouette 264 )

La "base" et le port, en bas à droite le B.B. "Maurienne"

Récit de Claude Vincent Photographies Claude Vincent, Internet