"Nervous breakdown"...
En ce matin d'octobre 1961, passage habituel aux OPS du 2/23 afin de visionner mon emploi du temps de la journée.
Horreur, je suis "d'Essais" et cela pour le 7ème jour consécutif
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Ayant quand même manifesté ma réprobation auprès du "
Lieut' " de service, je me dirige en maugréant vers la porte
à double battants de la salle de repos que j'ouvre d'un violent coup de pied avec un résultat inattendu et regrettable,
car ma botte de vol traverse un des battants dans un craquement explosif mettant en émoi toute la "fillod" de l'escadron.
( quelle idée aussi, une porte en simple contreplaqué!...).
Conclusion de cet exploit fracassant, quelques jours de repos obligatoires, mais sans conséquences, là haut sur la base,
dans ma chambre; avec interdiction de paraître à l'escadron. Un qui n'a pas du apprécier, c'est le copain qui a du me remplacer aux "essais", car cette "qualif" était parfois rare à La Réghaïa.
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Il faut quand même souligner que d'être "d'essai" pour la journée n'était pas un cadeau, car cela consistait à passer son
temps à faire des allers/retours de l'escadron à l'EMT implanté à l'autre bout de la piste, pour y effectuer toute une
variante de vols d'une durée de 15 à 50 minutes (même pas en "rouge"), en compagnie d'un contrôleur en place gauche,
"vol d'orientation, essais après VP (visite périodique)100 h, 300 h, 700 h, après retouches, essai puissance, voilure, etc. etc...
Comment, dans ces conditions, participer avec constance à une bonne partie de tarots avec les copains ?!... |
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Pilote d'essai était la "qualif"maxi avec pilote de nuit (pas un cadeau non plus) à se balader en monomoteur au dessus de
djebels hostiles. En passant, toute ma gratitude, aux mécanos de nous avoir toujours fourni un matériel fiable pour nos
balades dans cet environnement incertain. |
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Pour finir, une illustration des joies du vol d'essai : Le 21.10.61, venant signer le cahier d'ordres, surprise en lisant :
" H34 n°113, Essai puissance, essai carbu, MONTÉE à 14.000 pieds" ??!...
Diable, ça n'est vraiment pas une altitude habituelle pour un H34, ni pour le pilote, quand on a héliporté à 7000 pieds maxi (pour info, 7
commandos...) sur le djebel Babor !
Décollage en compagnie du mécano contrôleur et montée en
"spiralant" au dessus de la base ( au niveau de la mer...) par
ciel clair et légère brume.
Au bout d'un certain temps, nous atteignons l'altitude requise, suivie d'une mise en palier précautionneuse.
Alors là, par moment , ça n'est vraiment pas du goût de la machine, ni du pilote d'ailleurs : instabilité, vibrations,"flapping" inhabituel, attention à la vitesse dans cet air raréfié car pas de repères visuels pas le moindre petit
nuage à l'horizon (pilotage à la "maquette")...Sans parler d'un défilement sol nul, et donc la sensation désagréable d'être
suspendu immobile sous le rotor.
Bon, ne nous attardons pas, mise en "autorotation" pour une descente rapide, et ,
là encore, attention à la vitesse et aux tours rotor qui ont tendance à grimper plus que de raison.
Enfin la piste qui se rapproche et bientôt, avec soulagement, le plancher des
vaches. Ouf ! Voila une bonne chose de faite,
que j'espère bien ne pas avoir à renouveler (ce qui sera heureusement le cas...).
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Récit: Bernard Mahaut,
Photographies: Michel Blain, Jean Pellereau, Gérard
Finaltéri |
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