Merci Monsieur Sikorsky
ou
"Une soirée au Georges V"
Un jour, au
milieu des années 60, branle-bas de combat au Parisis, je
fais partie d’un certain nombre de pilotes que la Société
Sikorsky désire honorer pour leur 1000ème heure
de vol sur H34.
Evidemment ça
brasse de l’air, car la remise de l’insigne des « mille
hours » doit se dérouler à Paris à l’Hôtel George V, en
soirée lors d’un cocktail dans les salons du palace. Inutile
de préciser qu’il y a intérêt à être à l’heure et en tenue
de sortie impeccable afin de faire honneur à l’Armée de
l’Air. |
|
Arrivé sur place, je me souviens des vastes
couloirs aux épais tapis, des vitrines
d’articles de luxe, avant de rejoindre le
lieu des réjouissances pour recevoir des
mains du fils Sikorsky l’insigne en
question, et déguster champagne de marque et
petits fours de qualité. Bref, très agréable
soirée, souvenir inoubliable pour ce qui
restera, sans doute, mon unique passage dans
un palace. |
|
|
|
|
Pour
les 1000 heures nous eûmes donc droit à un insigne
et une réception mais sans diplôme, et, plus tard...
je
reçus la « Sikorsky Silver Wing », avec un
insigne et un beau diplôme, mais sans réception. On
ne peut pas tout avoir…
Je me
souviens de cette EVA.SAN. d‘octobre 1960 mentionnée
sur le « Sikorsky Rescue
Certificate ». |
|
|
|
J’étais à l’époque au DIH d’Arris, petite
ville au beau milieu du Massif des Aurès où une importante
opération s’était déroulée avec les légionnaires du 2ème R.E.P.
Nous nous étions posés à deux ou trois H34
sur les lieux de l’engagement, en contrebas d’une sorte de
talus, afin de prendre en charge les nombreux blessés et de
les évacuer sur l’hôpital de Batna.
Entendant encore
des tirs sporadiques, nous gravîmes à quelques-uns le talus
en question afin de nous faire une idée de la situation,
jusqu’à ce que le sifflement caractéristique d’une balle
perdue (ou pas ?!) nous fasse prudemment redescendre à
l’abri.
Huit blessés
prirent place dans le cargo, six sur les civières fixées aux
parois, deux plus légèrement atteints assis sur le plancher,
l’un d’eux à la porte cargo, aux pieds du mécano, les jambes
pendant dans le vide, un bras en écharpe, l’autre tenant la
sangle de sécurité, regardant, plongé dans ses pensées,
défiler le paysage sous ses pieds…
|
Merci surtout Mr
Sikorsky pour la qualité et la fiabilité de vos
productions : 2260 heures et 13000 atterrissages sur 123 H34
différents, du No 1 au Bourget-du-Lac au No 186 à
Villacoublay, souvent dans des conditions extrêmes ( Algérie
Novembre 1959/Février 1962, lutte contre les incendies de
forêts en PACA, Août 1967), sans le moindre petit "pépin"... |
|
|