SURVITESSE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous êtes vous un jour demandé pourquoi, sur nos bons vieux H34, 

le co-pilote n'était plus autorisé à mettre en route de la place gauche, et cela depuis le mois de Février 1960 ?

 

Je vais lever ce mystère dans les lignes qui suivent:
En ce mois de Février donc, je me trouvais à la 3ème Escadre d'Hélicoptères au sein du 1/58 depuis un peu plus de 3 mois et, plus précisément, en "stand by" avec le D.I.H de Sidi-Aîch quelque part dans le djebel en attente d'un héliportage à venir.
L'attente prenant fin, tous les co-pilotes se précipitent (enfin... presque tous !) afin de faire démarrer leur H34 perso,
comme c'était l'habitude jusqu'à ce jour.

Ma "monture"étant la plus proche, je fus le plus rapide à grimper au poste de pilotage.

 

                                                                        siège co-pilote                                                             siège pilote

Schéma association "Un Siko en vol"  J-P. Montreuil / M. Fraise

A peine assis, injections et prise en main de la poignée des gaz place droite afin de pouvoir actionner le démarreur.
 - Démarrage du moteur, mais celui-ci, au lieu de rester sagement à environ 1000 t/m, monte brutalement et à ma grande surprise, à 1800/2000 t/m. 

 - Réflexe immédiat, coup de poignet afin de réduire les tours.
Oui mais voila, ce geste habituel sur la poignée gauche a un effet inverse sur la droite, d'où montée brutale des tours
avec survitesse à la clé et rugissement du moteur, à la surprise générale devant ce comportement inhabituel.

 Je n'ai cependant pas le souvenir de remontrances particulières à la suite de cet exploit !...

Mais, l'affaire ne s'arrête pas là, car, la journée étant déjà bien avancée, il nous fallu passer la nuit dans le cargo,
gardés par une section de Légionnaires...
La nuit tombant vite et ne sachant trop que faire, je suis allé tenir compagnie au légionnaire le plus proche, adossé à un arbre. Il s'est trouvé que c'était"un pays", un parisien comme moi, d'où évocation de souvenirs communs dans l'obscurité des djebels...


Je pense que l'on du changer le moteur, ou pour le moins "faire les filtres"...
Sur le coup, me souvenant de l'appréciation peu élogieuse sur mes capacités récoltée au Bourget-du-lac, ajoutée à cette action d'éclat, me fit entrevoir une accession assez compromise à la qualité de 1er pilote...


Mais il n'en fut rien, et j'obtenais cette qualification recherchée dans les délais habituels.

Tous les co-pilotes de H34 postérieurs à ce jour, peuvent me remercier car, au lieu d'avoir à se précipiter vers le "gros" pour la mise en route, ils purent dorénavant, s'installer tranquillement en allumant leur cigarette préférée...

P.S : Les moniteurs n'étaient pas concernés par cette consigne.
S'il m'arrivait de mettre en route de la place co-pilote, j'avais la main gauche sur la poignée GAUCHE, et seul mon index droit appuyait sur le démarreur...

 

Récit Bernard Mahaut Photographies Willy Wervaecke