Sauvetage au large de Porto

12 octobre 2009

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le centre de coordination et de sauvetage de Lyon-Mont-Verdun gère les moyens aériens mis en œuvre au large de Porto (Corse), pour rechercher un avion de tourisme de type Cessna 210, transportant six passagers et en direction de Cannes Mandelieu.

Aux environs de 14 h 00, le pilote du CESSNA a annoncé par radio une panne moteur au centre de contrôle d’Aix-en-Provence et son intention d’amerrir à dix nautiques au large de Porto.

Les moyens aériens immédiatement déployés sur zone se composent d’un Atlantique II de la Marine nationale, d’un Super-Puma de la base aérienne de Solenzara, d’un hélicoptère EC 145 de la sécurité civile et enfin d’un EC 145 de la gendarmerie d’Ajaccio, le remorqueur d'intervention Jason et la vedette de la SNSM d'Ajaccio. Le moyen nautique privé Sarkoscud, l'embarcation de la réserve naturelle de Scandola vont directement sur la zone de recherche. L'Atlantique II est chargé de coordonner les moyens sur zone. Une demande de dérive est effectuée à météo France pour effectuer les recherches dans la zone la plus précise possible.
 

Vers 16h00, l'hélicoptère de la sécurité civile d'Ajaccio est engagé. Vers 18h00, un hélicoptère de type Cougar suisse basé à Solenzara est engagé dans la phase de recherche et relève son homologue de l'armée de l'air. Vers 19h45, le Cougar suisse est relevé par l'hélicoptère Dragon 2B de la sécurité civile de Bastia. Ce moyen aérien localise vers 20h00, grâce aux dispositifs de vision nocturne qui ont permis de repérer les lampes des gilets de sauvetage des rescapés,  le 1er naufragé dans le golfe de Porto à 5-6 nautiques de la plage (10 km) et l'hélitreuille. L'Atlantique II localise les 5 autres naufragés et largue une chaîne SAR, ils guident entre 21h20 et 21h48, le Super Puma de l’escadron d’hélicoptères 6/67 «Solenzara» de l’armée de l’air qui hélitreuille les quatre autres passagers tandis que l'hélicoptère de la sécurité civile hélitreuille le dernier naufragé. Les 6 personnes récupérées sont saines et sauves et prises en charge par l'hôpital d'Ajaccio.



 


Les interventions se sont déroulées dans des conditions météorologiques particulièrement difficiles. Les vents ont soufflé à près de 100 km/h et le creux des vagues ont atteint quatre à cinq mètres.



Ce «sauvetage exceptionnel» a été piloté par un des quatre CCS de l’armée de l’air, celui de Lyon Mont-Verdun. Ce centre assure une veille permanente des fréquences de détresse. Il assiste également les aéronefs civils et militaires (français et étrangers) qui se trouvent en difficulté. Sous les ordres de la haute autorité de défense aérienne, le CCS coordonne les actions de recherche et de secours aux victimes d'accidents aériens. Pour y parvenir, le centre dispose de moyens (personnel et aéronefs) qui sont mis en alerte 24h/24. Les recherches se déroulent en coordination avec les nombreux organismes étatiques.
 

 

Les 6 occupants de l'avion de tourisme ont été récupérés sains et saufs après avoir survécu plus de cinq heures dans une mer très agitée.

Leur avion devait relier Propriano en Corse-du-Sud à Cannes dans les Alpes-Maritimes.

L’avion de tourisme était arrivé de Cannes lundi en fin de matinée. Les six personnes étaient venues y passer la journée : elles avaient pique-niqué sur la plage en bout de piste mais avaient renoncé à se baigner car la mer était très agitée.

Note de Surf  Prévention : il y a bien du vent et des vagues en Corse !

Une heure après le décollage sur leur trajet du retour vers Cannes, le pilote avait alerté le centre de contrôle aérien d’Aix-en-Provence en signalant une panne de moteur et son intention d’amerrir.

Puis silence radio qui a fait redouter le pire. Les quatre hommes et les deux femmes souffraient d’hypothermie après avoir passé plus de cinq heures dans une eau à 20 degrés.

Un homme présenterait des plaies de la tête et une femme a une fracture du bras.

« C’est un miracle. C’était un sauvetage dantesque, dans la nuit avec des creux de quatre mètres en mer », a raconté un pilote d’hélicoptère.

Les rescapés avaient pu enfiler leurs gilets de sauvetage et étaient parvenus à s’extraire de la carlingue de l’avion (un Cessna 210 Centurion) car le pilote avait ouvert les portes de l’avion avant l’amerrissage.

 

Les six rescapés du Cessna 210 accidenté au large de la Corse ont raconté leur aventure au lendemain d'un sauvetage rendu             « miraculeux » par l'expérience et le sang-froid du pilote et des sauveteurs.
Le visage fatigué et entaillé de quelques éraflures, Clément Zylberberg, pilote d'Air France de 36 ans, relate l'horreur vécue avec ses cinq compagnons pendant près de sept heures dans une mer démontée.
« Nous avions décollé depuis peu. L'avion marchait parfaitement bien. D'un seul coup le moteur s'est arrêté. Je pense qu'on a eu une rupture d'alimentation d'essence. J'ai appliqué toutes les procédures que l'on nous apprend et que j'enseigne comme instructeur (...) mais il ne se passait rien (...) il fallait envisager de poser l'avion sur l'eau », explique-t-il.
« La mer était démontée avec des creux de quatre, cinq mètres. Je me suis placé parallèle à la houle pour éviter un impact direct dans la vague et j'ai sorti les pleins volets pour chercher la vitesse minimale d'impact. J'ai ensuite tiré jusqu'à ce que la queue de l'appareil touche à la vitesse minimale », poursuit Clément Zylberberg.
Avec sa compagne, Isabelle Coxon, hôtesse de l'air, « nous avons déverrouillé les deux portes du Cessna, ce qui nous a, entre autres, sauvés » puisque l'avion a tapé la mer de la queue avant de couler en une minute environ.
« Une fois l'avion immergé, on a pu ouvrir les portières et s'échapper avec les gilets de sauvetage », que la jeune femme avait auparavant distribués aux quatre autres occupants, dont ses parents, Ginette et Serge Amoros, 66 et 68 ans.
Isabelle « a donné toutes les consignes prévues pour un amerrissage en expliquant qu'il ne fallait surtout pas gonfler les gilets avant de sortir de l'avion et en leur indiquant la position à adopter en prévision de l'impact maritime », explique le pilote.
La chute en mer n'a pourtant été, raconte l'hôtesse, que « le début d'une longue attente ». « Les secours passaient au-dessus de nous,  les gilets étaient équipés de petites lumières et alors que nous étions ballottés par les vagues, les militaires et les gendarmes qui ont des lunettes infra rouges ont pu nous repérer dans la nuit. »

«Ce qui nous a sauvé, c'est d'être resté en contact avec le centre d'information d'Ajaccio qui a pu connaître notre position de crash et alerter les secours »

Enfin Clément n'a pas oublié de saluer « le professionnalisme et surtout le courage » des dizaines de membres d'équipage et plongeurs de la sécurité civile, de l'armée de l'air, de la marine et de la gendarmerie qui ont réussi à récupérer les six rescapés. « On a douté, c'est un miracle. On a eu une chance extraordinaire.

 


Récit du sauvetage vu par le Major Hugues Peuchot

(dernier pilote sous-officier de l'armée de l'air)

 

"Je venais de terminer le déjeuner et nous allions prendre le café quand le téléphone d'alerte a sonné. Il est 13h56, c'est le CCS de Lyon. ils me passent les détails de l'alerte. Un Cessna blanc, six personnes à bord et les coordonnées GPS : N42°18'54 E 008°32'46. Je lance aussitôt les préparatifs de l'opération de sauvetage.

En tant que Cdb je dois faire rapidement mon calcul, il y a six personnes à récupérer, je dois donc constituer une équipe réduite. Maxence Schivre mon copilote, Jean-François Farda mon mécano, Nicolas Zimermann le treuilliste, Alain Gonzales et Laurent Legarff les plongeurs ainsi que Stephan Lucciani le docteur. Heureusement que je connais bien la Corse, je vole ici depuis 25 ans, je n'ai pas besoin de tracer la route. L'adrénaline monte un peu, c'est normal. C'est là que tous les entraînements que l'on fait à longueur d'année prennent sens. Il n'y a plus qu'une chose qui compte: les sauver. II y a 35kt Nord-ouest de vent sur zone, ici a Solenzara on a 15/20kt plein Est. Comme souvent en Corse, les reliefs sont accrochés à 3000ft uniquement sur la partie Ouest.

- 14h25 on décolle, on part à 140 kt en basse altitude. A 14h58 on arrive sur zone. II y a déjà l'hélico de la sécu civile qui travaille. Mon "copi" affiche la fréquence de travail 123,1 0 et on veille 121,5.11 gère la radio et la nav, moi le pilotage.

Le Bréguet Atlantique arrive en même temps sur zone, il prend la direction des opérations. On sait que l'avion s'est écrasé à moins de 10 Nm des côtes. Le Cross Med calcule la dérive des courants. Le Bréguet nous affecte une zone de recherche au sud du parallèle 42°18N. La mer est démontée, beaucoup de vent, d'embruns et de déferlantes. L'hélico est instable. Je vole entre 200 et 300 ft à 40 kt. On n'arrive pas à les voir, c'est frustrant. Au bout de 2h30 on doit rentrer faire du carburant. L'hélico de la gendarmerie prend le relais.

Un "Cougar" Suisse qui était dans notre escadron en échange d'expérience, participe aussi aux recherches. Alors qu'on a "refuelé" et contrôlé la mécanique, le téléphone sonne. Les hélicos de la sécu civile et de la gendarmerie les ont repérés grâce a leurs lunettes de vision nocturne. On décolle.

Nous en avons 4 à récupérer. De nuit avec nos lunettes, on peut voir les petites lampes de leurs gilets de sauvetage à 15 Nm. On s'occupe de celui qui est isolé en premier. Un treuillage prend environ 15 minutes, On s'occupe des trois autres ensuite. A ce stade on ne ressent aucun sentiment, on est concentrés. On regarde l'alti, le vario, la radio sonde et l'indicateur de vol stationnaire. II y a un vent de face de 35/40 kt. L'hélico bouge beaucoup. Quand le médecin nous dit que c'est Ok, on prend la direction de l'hôpital d'Ajaccio. Le CCS les a déjà prévenus. Une fois posé, je ne peux rester longtemps, l'hélico de la gendarmerie est derrière et il a besoin de la zone d'atterrissage. On rentre à la base.

C'est une fois posés qu'on ressent un sentiment d'accomplissement. On est content de bien avoir fait notre métier, de bien avoir appliqué ce que l'on avait appris à l'entraînement et de savoir que les rescapés s'en sont sortis".

 

Reportage: Ministère de la défense, AFP, Presse nationale et locale