Ordre du Jour  N°10 

CENTENAIRE DES HÉLICOPTÈRES

 

Il y a maintenant 100 ans, un inventeur génial du nom de Paul Cornu rentrait dans l’histoire et ouvrait une nouvelle ère de l’aéronautique. Il parvenait à s’élever pour la première fois verticalement à bord d’un aéronef à voilure tournante. L'hélicoptère était né.

Les recherches et les essais se sont poursuivis pendant une quarantaine d’années avant que la technique de vol ne soit vraiment maîtrisée et que les engins ne deviennent opérationnels. L’armée de l’air, pionnière en ce domaine, possède cependant des autogires dès 1935.  

C’est le 16 mai 1950, au-dessus de l’Indochine, que le lieutenant de l’armée de l’air Alexis Santini accomplit la toute première mission depuis un hélicoptère militaire français. Les sorties se multiplient dès lors, le plus souvent dans un but sanitaire. Le bilan à la fin de la guerre est remarquable. Plus de 10 000 blessés ont été évacués tandis que 38 pilotes et 80 évadés étaient récupérés entre 1950 et 1954. L’hélicoptère a brillamment supporté l’épreuve du feu. Il est définitivement adopté par les militaires. 

En Algérie, l’hélicoptère devient armé sous l’impulsion d’un autre aviateur, le lieutenant-colonel Félix Brunet. Les missions se diversifient. Les voilures tournantes servent pour l’assaut, sont utilisées pour attaquer au canon des objectifs ponctuels, pour reconnaître des zones ou des itinéraires. Elles sont employées dans les régions pacifiées pour renforcer la présence de l’administration et de la police.  

Des chefs s’illustrent en commandant ces nouvelles unités. Ce sont les capitaines Santini et Garbé en Indochine. Ce sont les colonels Devillers, Brunet, Chantier et Canépa en Algérie, qui s’investissent complètement dans leurs nouvelles responsabilités. Certains vont au bout de leur engagement, comme le lieutenant-colonel Canépa qui tombe à la tête de ses équipages le 3 septembre 1957. 

Le retour à la paix favorise la création de structures dédiées et suscite de nouvelles réflexions sur les conditions d'emploi de l'hélicoptère. Des matériels plus modernes sont commandés et la formation des équipages est constamment améliorée. Progressivement, les équipages d’hélicoptère de l’armée de l’air construisent leur propre identité à laquelle ils restent fidèles à travers le monde, dans leurs affectations en métropole ou outre-mer. 

Les missions deviennent plus complexes, réclamant des qualités toujours plus étendues de la part du personnel. Les hélicoptères, grâce à leurs performances uniques, sont indispensables pour garantir la souveraineté de la France contre les intrusions de plates-formes évoluant à basse vitesse. Ils sont incontournables pour pénétrer discrètement au cœur du dispositif ennemi et déposer ou recueillir des forces spéciales. Ils sont irremplaçables quand il est nécessaire d’intervenir pour soulager des hommes et des femmes victimes de catastrophe naturelle.  

Les équipages s’adaptent remarquablement à ces nouveaux défis et se font remarquer pour leur brio en Afrique ou dans les Balkans. Ils font la une des journaux au Liban ou en Afghanistan. 

Officiers, sous-officiers, militaires du rang qui appartenez aux escadrons d’hélicoptères de l’armée de l’air, vous êtes aujourd’hui les héritiers d’une fantastique épopée technique vieille d’un siècle, qui a suscité une aventure humaine exceptionnelle. Vous pouvez être fiers de vos anciens qui sont restés fidèles en toutes circonstances à la devise « Combattre et sauver ». Nous devons un respect éternel à tous ceux qui sont morts au champ d’honneur, en service aérien commandé ou qui ont souffert dans leurs chairs en accomplissant leur mission. 

Que vous soyez pilotes, mécaniciens d'équipage, sauveteurs plongeurs, convoyeurs de l'air, commandos ou mécaniciens sol, inspirez-vous de leurs exemples pour continuer à promouvoir les valeurs qu’ils ont transmises. Sachez entretenir la témérité et la rigueur pour déjouer l’ennemi ou les éléments naturels. Cultivez la générosité et l’abnégation pour apporter l’espoir à tous ceux dont le salut ne peut plus venir que du ciel. 

A Metz, le 12 mai 2007

Le Général d’armée aérienne Stéphane ABRIAL