Mort d’une Infirmière Pilote Secouriste de l'Air

 



 

Le 29 novembre 1957, à l’EHL 1/58, partie de l’EH 3 de Boufarik une évacuation sanitaire se déclenche en fin de matinée. Dix blessés à aller chercher en MY45.01 soit sur les tous premiers contreforts de l’Atlas, plein sud d’Alger. Sans autres informations et si près d’Alger, nous pensons « encore un camion qui est tombé dans un ravin ».

Nous embarquons donc tranquillement sans nos gilets pare-balles dans le H.34 N° 354. le sergent Benoît de Coignac en 1° pilote, moi-même le sergent Norbert Huby  2° pilote, le sergent Aubry mécanicien, le lieutenant médecin Blanchet et une convoyeuse de l'Air Jacqueline Domergue dite Jaïc.

Le vol pour se rendre sur place a été très court et une fois de plus les informations données avant le départ n’étaient pas bonnes et insuffisantes car au lieu d’un camion tombé dans le ravin nous arrivons en plein accrochage et les blessés étaient des blessés par balles.

Habitués à ce genre de situation, nous nous posons quand même, mais compte tenu de l’escarpement du lieu, sans pouvoir bénéficier d’un repli de terrain, donc en pleine lumière sur une petite ligne de crête en regrettant d’avoir laissé les gilets pare-balles à la base.

Bien entendu nous gardons le rotor tournant et avertissons le cargo de faire vite. Les premiers blessés sont embarqués rapidement et là comme au cinéma, nous avons vu face à nous sur le petit sentier de la ligne de crête un alignement des petits geysers de poussière levés par les impacts d’une arme automatique. Il était temps de s’échapper. Le sergent Benoît de Coignac alors aux commandes a arraché le H.34 du sol et nous a mis hors de portée avec bien entendu l’intention de revenir lorsque les conditions seraient meilleures.

Avec le H.34, en se penchant et en regardant sous le siège, nous avions la possibilité de voir dans le cargo. Et là j’ai vu un corps allongé en combinaison donc un membre de notre équipage. Le sergent Aubry nous a alors averti que la convoyeuse avait été touchée. Nous n’étions guère qu’à une dizaine de minutes d’Alger donc à pleine vitesse nous avons mis le cap vers la DZ Marcel Cerdan, l’héliport de l’hôpital Maillot.

Nous n’avions pourtant pris que deux balles, malheureusement, la convoyeuse Jaïc Domergue avait été touchée en pleine tête et est décédée au cours du vol.

 

Jaïc Domergue avait 33ans, pilote, infirmière, para , deux séjours en Indochine dans le corps des IPSA, Port Saïd, l'Algérie. Elle passait ses permissions à réussir des records, championne de France féminine de saut en parachute, grande spécialiste des figures.

Chevalier de la Légion d'Honneur, titulaire de la Croix de Guerre des T.O.E. (Indochine) et de la Croix de la Valeur Militaire.

 


Voir aussi : http;//domergue.jean.free.fr/genesite/jaic.html

 

Relation de Norbert Huby A.H.A.