Lanvéoc-Poulmic

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les hélicoptères Super-Frelon de la marine nationale ont beau être de merveilleuses machines volantes, qui ont fait leur preuve depuis le début des années 1960, , ils fatiguent. Il en reste sept en service, mais seulement deux à trois sont disponibles, et ils sont souvent pris pour les entraînements de leurs équipages. A la mi-octobre, le quotidien Le Télégramme avait révélé que le sauvetage en mer assuré par les marins allait sans doute devoir passer aux mains des aviateurs et de leurs puissants EC-725 Caracal.

La marine avait fait savoir à Libération que ce n'était pas demain la veille. Sauf que ce n'était plus possible... Ce samedi matin 7 décembre 2008, le premier Caracal de l'escadron 1/67 "Pyrénées" parti de la base de Cazaux est arrivé à la base aéronavale de Lanvéoc-Poulmic, qui assure notamment le sauvetage en mer à grande distance, jusque dans le golfe de Gascogne. Le Sirpa air l'a annoncé ici . La marine admet quant à elle une " baisse de disponibilité des Super Frelon ", qui va durer : cette machine hors d'âge est destinée à être remplacée par le futur hélicoptère NH-90, mais pas avant la fin de 2009. Au mieux...

Un hélicoptère EC725 Caracal de l'armée de l'air s’est déployé depuis près d’une semaine sur la base aéronavale (BAN) de Lanvéoc-Poulmic pour assurer des missions de sauvetage en haute mer, avec la Marine nationale. Le commandant Franck Arnaudon, pilote de Caracal à l'escadron d'hélicoptères (EH) 1/67 "Pyrénées" de Cazaux, revient sur cette semaine. 

Comment s’est déroulé le déploiement sur la base aéronavale?

Fin novembre, nous avons reçu l’ordre de l’état-major de l’armée de l’air de nous mettre en place sur la BAN de Lanvéoc-Poulmic pour assurer la mission Secmar (secours maritime) qui implique la recherche, le secours et le sauvetage en mer. Le samedi 6 décembre, dans la matinée, neuf personnes se sont déployées avec l’hélicoptère EC725 Caracal et 900 Kg de matériel: deux pilotes dont moi-même, un mécanicien navigant, deux plongeurs et quatre mécaniciens pour la mise en œuvre de l’appareil.

Une fois sur place, quel a été le programme ?

Dès notre arrivée, dans l’après-midi, nous avons travaillé avec les deux pilotes de la Marine nationale, déjà formés sur le Caracal à Cazaux. Avant de prendre l’alerte, ils doivent effectuer un entrainement sur l’appareil. Leur qualification s’est achevée aujourd’hui. La semaine prochaine, nous allons entamer notre qualification Secmar, assurée cette fois-ci par les pilotes de la Marine.

Cet échange de savoir-faire illustre bien la coopération interarmées…

Effectivement, l’armée de l’air possède l’expertise de l’appareil Caracal pour délivrer la qualification aux marins. La Marine nationale, quant à elle, forme les pilotes de l’armée de l’air dans son domaine de compétence : les missions Secmar. Concrètement, nous serons en mesure de prendre l’alerte sous peu.

En quoi consiste la qualification Secmar ?

Pour nous, il s’agit plutôt d’une validation puisque sur la base aérienne de Cazaux, nous sommes déjà susceptibles d’intervenir en vue d’un sauvetage en mer.

L’entraînement consiste essentiellement à évoluer avec un bâtiment naval pour exécuter du treuillage et pour transporter du matériel. Il se déroule principalement de nuit. Cette expérience de la mission Secmar est une valeur ajoutée à notre cœur de métier pour les hélicoptères, à savoir la mission Resco (recherche et sauvetage au combat).

Quels sont les atouts du Caracal pour la mission Secmar ?

Le Caracal est un appareil extrêmement polyvalent qui possède de nombreux atouts pour ce genre de mission. Son rayon d’action étendu lui permet d’aller jusqu’à 250 nautiques, soit environ 500 kilomètres, un avantage en haute mer. Ensuite, son système intégré est perfectionné, notamment le pilote automatique d'une précision remarquable. Le pilotage est rendu plus facile même par mauvais temps et en basse altitude. De plus, le Caracal dispose d’un système de double treuil, ce qui fait défaut à la plupart des hélicoptères en cas de panne technique. L'EC725 possède aussi une capacité d’emport importante : environ trois tonnes de charge offerte. Enfin, en termes de sécurité, notre appareil a un bel avantage, la probabilité de subir une panne étant bien inférieure aux autres types d’hélicoptères.
 

Caracal à Lanvéoc: les aviateurs devraient être formés au sauvetage hauturier
Selon nos informations, les équipages d'hélicoptères de l'armée de l'air, détachés sur la base aéronavale de Lanvéoc-Poulmic (Finistère) sont "susceptibles de participer à la mission Secmar en complément de la marine", selon les ordres reçus [Lire ci-dessus]. Toutefois, il n'est pas prévu, pour l'instant, que les équipages de l'armée de l'air prennent l'alerte Secmar.

En effet, les équipages "air" des Caracal EC 725 ne sont pas qualifiés pour le sauvetage hauturier, à longue distance (200 nautiques) et par forte mer, tel qu'il se pratique au large de la Bretagne. Un pilote "air" reconnait être capable de réaliser 80% des missions, mais "pas les plus extrêmes". L'état-major des armées souhaitent que les marins forment des aviateurs à cette mission de service public.

Un Caracal est détaché à Lanvéoc pour palier les indisponibilités des sept derniers Super Frelon de l'aéronavale, dont le taux de disponibilité est d'environ 15%. Après avoir ré entrainé les marins qualifiés sur Caracal, les aviateurs resteront à Lanvéoc-Poulmic. Des relèves sont déjà prévues jusqu'en février.

Cette affaire intervient sur fond de grande inquiétude des équipages d'hélicoptères de la marine et de l'armée de l'air, qui craignent pour leur avenir. La perspective d'un regroupement de tous les EC 725 sur une seule base nourrit ses craintes. Les Caracal sont aujourd'hui à Pau (armée de terre - détachement aérien des opérations spéciales, relevant du COS) et à Cazaux (escadron Pyrénées de l'armée de l'air, un organisme à vocation interarmées qui accueillent des terriens et des marins).
 

Communication de Jean-Marie Doucet sur une information du Point