Monsieur le député, (Moselle)

Madame le député, (européen)

Messieurs les maires/messieurs les élus

Monsieur le général gouverneur, (Metz)

Madame et Messieurs les officiers généraux,

Messieurs les consuls, (Belgique et Luxembourg)

Monsieur le président, (du TGI)

Mesdames, messieurs

 

Je souhaiterais tout d’abord remercier les très nombreuses personnalités civiles ou militaires qui nous ont fait l’honneur et l’amitié de venir ici, à Metz. Votre présence en ces lieux, malgré vos emplois du temps que je sais très chargés, témoigne de votre profond attachement à l’armée de l’air. 

Je voudrais plus particulièrement rendre hommage à nos grands anciens qui ont volé sur hélicoptère, qu’ils aient pu se déplacer ici ou qu’ils soient avec nous en ce moment par la pensée. Ils ont vécu certaines des heures les plus glorieuses de l’armée de l’air et ont souvent contribué par la suite à la bâtir. Grâce à eux, nous disposons aujourd’hui d’un outil de combat performant. C’est pour nous tous une joie et un honneur que de pouvoir les rencontrer aujourd’hui et de constater que leur passion pour l’aéronautique militaire est toujours aussi vivace. 

Je voudrais aussi remercier les hommes et les femmes qui ont travaillé pour que ce week-end commémoratif soit le plus réussi possible ou qui vont participer dans quelques instants au défilé aérien et terrestre. Chacun va pouvoir apprécier leur rigueur et leur professionnalisme. Ces qualités témoignent de la volonté d’excellence qui anime le personnel de la base aérienne 128 de Metz Frescaty commandée par le colonel Jean Rondel et les membres du Commandement des Forces aériennes dirigé par le général Philippe Tilly.

Je voudrais enfin féliciter les jeunes officiers qui viennent juste de recevoir leurs poignards et l’ensemble des nouveaux brevetés. L’attribution de ce symbole de l’officier de l’air et l’obtention de ces brevets sont le fruit de nombreux efforts comme d’un engagement constant au service de la défense de nos concitoyens.  

Permettez-moi aussi de noter l’aspect inédit de la remise des insignes de sauveteurs plongeurs, puisque ces derniers viennent juste d’être crées et homologués. C’est donc la première fois que des sous-officiers de l’armée de l’air les arborent fièrement sur leurs poitrines. Vous savez tous que des liens très étroits unissent cette spécialité avec leurs montures. C’est donc une belle opportunité que de pouvoir remettre ces insignes aujourd’hui alors que nous fêtons symboliquement le centenaire de l’hélicoptère. 

Cela fait en effet cent ans que le rêve de Léonard de Vinci est devenu réalité. Et c’est en France, à Coquainvilliers près de Lisieux, que pour la première fois, Paul Cornu s’est élevé verticalement en 1907. D’autres Français peuvent néanmoins être associés aux premières recherches comme les frères Breguet, Charles Richet, ou Maurice Léger qui ne ménagèrent pas leurs efforts pour faire aboutir les différentes formules testées. 

Dès sa naissance en 1934, l’armée de l’air s’intéresse aux machines à voilure tournante. Mais l’aventure de l’hélicoptère dans l’armée de l’air débute vraiment en 1950, sous l’impulsion d’un officier auquel nous allons particulièrement rendre hommage aujourd’hui, le lieutenant Alexis Santini. Accompagné par l’adjudant Bartier et le capitaine Valérie André, il accomplit des prouesses aux commandes de son appareil et fixe ainsi très haut le niveau de compétence qui sera désormais attendu de la part des équipages d’hélicoptères.  

D’autres personnages illustres participeront à l’essor de ces appareils dans l’armée de l’air. Je citerai juste les noms des colonels Chantier et Brunet, qui tinrent un rôle décisif en Algérie – Brunet, qui je le rappelle aux plus jeunes, est avec Fonck et Guynemer, l’aviateur possédant le plus de citations à l’ordre de l’armée aérienne.  

J’ai aussi une pensée émue pour tous ceux qui sont morts en faisant leur devoir. Le prix à payer fut parfois très élevé. Soixante-dix huit membres d’équipage tomberont par exemple en Indochine et en Algérie. 

Tous ces hommes et ces femmes qui ont marqué cette épopée s’identifiaient à leurs machines, à ses caractéristiques. Je ne peux bien sûr citer les 18 types d’hélicoptères qui ont équipé l’armée de l’air, mais je tiens au moins à évoquer le Hiller 360, qui en assura les premières missions, et le Sikorsky H 34 qui fut l’un des chevaux de bataille les plus répandus de la guerre d’Algérie.  

Comment passer sous silence les familles des Alouette et des Puma, dont les silhouettes sont connues de l’ensemble des Français ? La relève est aujourd’hui assurée par le Fennec et bien sûr, par l’EC 725 Caracal. Les capacités de cet appareil sont impressionnantes. Il dispose d’une centrale inertielle et de contre-mesures électroniques. Il peut être ravitaillé en vol. Il peut voler sans visibilité en basse altitude ou s’installer, également par mauvaise météo, en vol stationnaire automatique au-dessus de l’eau. Il possède dans quelques domaines des capacités supérieures par certains aspects à celles de nos avions de chasse.  

Il n’est guère surprenant que les réflexions sur les possibilités d’emploi de tels appareils soient nombreuses. L’armée de l’air s’est d’ailleurs toujours montrée dynamique dans la recherche doctrinale appliquée aux hélicoptères. Elle sait quels bénéfices elle peut tirer de l’utilisation de telles plates-formes par rapport à celles d’aéronefs à ailes fixes. Les rôles des unes et des autres sont complémentaires.  

Les premières missions d’évacuation sanitaire sont ainsi l’œuvre d’aviateurs français. Le transport de fantassins ou l’installation d’armements sur des hélicoptères sont d’abord imaginés et mis en œuvre par des officiers de l’armée de l’air. 

Aujourd’hui, la France est un des rares pays à développer une capacité de défense aérienne sur hélicoptère contre les aéronefs évoluant à basse altitude et à faible vitesse.

Nos hélicoptères participent ainsi de manière permanente à la défense aérienne du territoire. Entre trois et cinq appareils sont activés à cet effet tous les jours en métropole.  

Cette mission peu spectaculaire réclame pourtant beaucoup de rigueur, de constance et de professionnalisme de la part du personnel. Les hommes et les femmes sont sollicités quotidiennement dans des missions délicates à mener. En 2006, les hélicoptères ont décollé plus de 500 fois pour réaliser 18 interceptions réelles sur des aéronefs légers. En 2007, l’activité se révèle encore plus intense.  

Les hélicoptères de l’armée de l’air sont également des atouts indispensables de la protection aérienne de grands rassemblements nationaux comme le Salon du Bourget, le défilé du 14 juillet à Paris ou les tirs de fusée depuis le centre spatial de Kourou. Ils survolent régulièrement les lieux où se tiennent les sommets entre chefs d’État pour empêcher toute intrusion depuis la troisième dimension. 

Des hommes de valeur, des équipements à la pointe de la modernité, des approches dynamiques dans les concepts, des structures de commandement associées ici à Metz avec celles des chasseurs et des équipages de transport. Tous ces éléments prouvent que l’armée de l’air possède une culture propre de l’hélicoptère et me rendent très confiant pour l’avenir.  

Certes, nous devons prendre en considération les tendances nous invitant à privilégier dans certains cas les solutions interarmées. Nous n’avons plus les moyens de maintenir des structures redondantes. Nous devons réfléchir aux bénéfices qui peuvent être tirés de la "mutualisation", dans le domaine de la logistique par exemple. Le maintien d’un outil de défense performant est à ce prix.

Sachez cependant que les missions répondant à une logique de milieu ne seront pas"interarmisées". De même qu’il n’est pas question qu’un pilote d’hélicoptère de l’armée de l’air chasse les sous-marins ou traque des chars, il n’est pas envisagé que des équipages d’autres forces s’investissent dans les Mesures Actives de Sûreté Aérienne ou la Recherche et le Sauvetage de Combat.  

Nous possédons en ce domaine une expérience unique et avons développé des procédures qui sont rôdées. Instruire d’autres équipages, peu au fait des particularités inhérentes à la défense aérienne par exemple, pourrait s’avérer peu productif dans le temps. Ils pourraient se disperser entre plusieurs missions et perdre à terme de leur efficacité.  

Je compte ainsi sur tous ceux qui mettent en œuvre nos hélicoptères pour continuer à montrer leur motivation et la plus-value réelle qu’ils offrent pour notre système de défense. Ensemble, nous nous montrerons dignes de nos anciens et nous pourrons poursuivre leur œuvre en adaptant nos structures d’aujourd’hui aux évolutions de demain. 

Et afin de célébrer dignement ce centième anniversaire, je vous invite maintenant à apprécier le défilé des troupes à pied et des voilures tournantes.  

Je vous remercie.

A Metz, le 12 mai 2007

Le Général d’armée aérienne Stéphane ABRIAL