Un été au bord du lac

                                                                                    1959

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fin avril 1959, par un matin pluvieux, dans le train qui nous menait à Chambéry, longeant le Lac du Bourget puis la Base, nous aperçûmes quelques Bell et Hiller évoluant en tour de piste vu le plafond limité.

C’était notre premier contact avec les « zélicos ».

 

Je dois reconnaître que j’abordais assez sereinement cette dernière étape avant la possession du très convoité « macaron ». J’étais bien conscient, après les 25 heures de Stampe à Aulnat et la stressante campagne de Marrakech, ses 175 heures de T6 et ses fameux 12 de moyenne dans les nombreux tests au sol comme en vol, suffisants mais nécessaires afin d’éviter une regrettable et humiliante élimination, et enfin le grade de sergent, que nous avions de fortes chances de passer sans coup férir cette école de spécialisation.

J’aurais pu choisir la « Chasse » et Meknès, mais mon enthousiasme tout relatif pour la voltige, bien qu’ayant toujours évité toute erreur grossière de pilotage préjudiciable à mon confort, me fit préférer cette relativement nouvelle et curieuse machine qui sévissait non loin de Chambéry, d’autant que j’ai toujours préféré la proximité du « plancher des vaches » à la pratique des hautes altitudes (encore que, par la suite, sur le « Gros », au 2/23 comme au « Parisis », il m’arrivait, pour le plaisir ou en démonstration, d’effectuer une « figure n’ayant rien de conforme aux exercices préconisés dans l’IM3000 »).

Ces six mois d’école « chambérienne » m’ont donc laissé comme un souvenir de vacances, car c’était la belle saison, il faisait presque toujours beau et chaud, et je passais donc cette agréable période très détendu...

 (un peu trop peut-être, ce qui me valut une peu flatteuse appréciation de fin de progression du genre « devrait être utilisé de nombreuses heures en copilote » ?!... Ce qui n’était évidemment pas très valorisant pour débuter en escadron opérationnel…).

 

Je me souviens par exemple, de cette marche décidée un beau matin par l’encadrement, et qui se transforma en une aimable promenade, les mains dans les poches, par les petites routes campagnardes dominant la Base, avec arrêts occasionnels afin de cueillir (et déguster) les fruits de saison aux arbres fruitiers bordant le parcours.

 

Des plus agréables et dépaysants étaient aussi les vols d’entraînement sur le terrain d’aéroclub d’Annecy, utilisé pour désengorger Le Bourget-du-Lac,

où le repas du midi était dégusté à l’ombre des parasols dans un coquet restaurant jouxtant le terrain, élèves et moniteurs confondus. La journée s’achevait par un retour touristique en hélico ou en car, et on pouvait encore finir la soirée à « La Potinière », restaurant proche de la Base où évoluait une (très) charmante hôtesse.

 

Souvenir estival aussi que ce dimanche d’août où un copain de promo, fana de montagne, Hanetelle était son nom, qu’est-il devenu ?

nous emmena, Browne, Louvet et moi,

 à l’assaut des cimes par un temps idéal,

une visi maxi et des paysages magnifiques.

Pour Browne et Louvet, malheureusement, le Destin les attendait, à brève échéance, sous d’autres cieux moins cléments.

 

Cet agréable séjour sur la Base Ecole 725 s’acheva à la mi-octobre 59 par la remise du « macaron », que nous dûmes attraper avec les dents, après avoir vidé un grand verre rempli à parts égales de Ricard et de Martini (burp !...).

 Nous avions sans doute tous obtenu les fameux « 12 » de moyenne (moi qui ai toujours appris en tant qu’Ancien Elève des Ecoles Primaires que la moyenne de 20 était 10 ?!!...).

 

Pour honorer cette fin de promo, certains (oh les vilains !) allèrent nuitamment peindre en rouge les trompes des « Quatre Sans Cul », célèbre monument « chambérien » au grand dam de la municipalité (pour les mêmes raisons, quelques temps plus tôt, la fontaine d’une célèbre place de Clermont-Ferrand fut submergée de mousse après avoir été abondamment pourvue en poudre à laver).

Après une courte permission, nous débarquâmes à quatre (n’est-ce pas MM Dubant, Guissard et Strainchamp de l’AHA ?) le 30 octobre 1959 à Boufarik où l’EH3 du LCl Chantier côtoyait la 20ème Escadre de Chasse et ses P47 « Thunderbolt » , le GLA45 et ses « Siebel » ou « Martinet » bimoteurs de liaison.

Les vacances étaient finies…

 

PS : une petite remarque au sujet du GLA45 ; l’insigne porté par ses membres représentait une magnifique gazelle dressée contre un croissant de lune. Joli cet insigne, mais, quelques vilains jaloux sans doute, leur attribuèrent cette devise : « rapides comme la gazelle et c… comme la lune ». Les gens sont méchants…

 

Photographies Bernard Mahaut et captures vidéo film de Norbert Huby