A mon très Grand Père.

 

Je veux me souvenir.

Je veux me souvenir de ta loyauté et de ton humilité.

Je veux me souvenir de ton courage et de ta vaillance.

Je veux me souvenir de ta malice et de ton esprit.

Je veux me souvenir du respect que tu m'inspires, que tu nous inspires.

Le Grand Chef comme dirait ta femme.

 

S'il y a bien une chose pour laquelle je me réjouis aujourd'hui, c'est de tous 

ces moments que nous avons eu la chance de partager depuis ma plus 

tendre enfance. Cette maison dont tu étais si fier, a abrité bon nombre de

merveilleux souvenirs. Je nous revois tous les trois avec Manou dans cette

petite cuisine, et vous qui m'appreniez le monde.

 

Qu'il était plaisant de parcourir la campagne à tes côtés pour visiter tes 

amis d'enfance.

Quel bonheur quand ton caractère taquin prenait le dessus et que tu te

délectais à tous nous embêter.

Qu'elle était belle, cette chaude journée d'été où tu nous emmenas, 

François et moi, faire un tour de Topolino dans nos contrées gersoises.

Qu'il était touchant de vous voir toi et ton grand frère, vous remémorer le 

bon vieux temps en patois.

Quelle joie de t'entendre nous interpeller tendrement "les Petites"

jusqu'à nos 21 ans.

Qu'il était attendrissant de t'entendre déblatérer à propos d'activités sans

queue ni tête: goûter du Chtroumble ou encore mettre du durcisseur dans

la piscine. Piscine dans laquelle tu ne t'es baigné qu'une seule fois! Avec ta

casquette!

Quelle fierté que de t'imaginer dans les airs.

 

Bien des souvenirs dans lesquels je me replonge avec insouciance et

nostalgie. J'ai mal et j'ai froid. Mais ton rire franc et enfantin résonne dans

mes oreilles. Quel homme! Tu dois penser, pourquoi tant de larmes?

Toujours pragmatique, souvent sarcastique. Mais Pépé, le vide est déjà

grand. Un pilier de nos vies s'est effondré.

 

Si jeune, j'ai désormais un regret qui me poursuivra jusqu'au jour où

je viendrai te rejoindre: ne pas avoir eu le privilège de te serrer dans mes bras,

de soulever ta casquette, déposer un dernier baiser sur ton front dégarni et

te dire a quel point tu as été bon avec moi. Un Père, en mieux, en bien plus

grand. Qu'aurait été ma vie sans toi? 21 années c'est beaucoup... Pas assez.

 

Merci. Merci d'avoir pris tant soin de moi. Merci de m'avoir protégée quand

il le fallait. Merci de m'avoir montré le chemin. Je tacherai de le suivre et

alors tu ne seras jamais loin. Je veux que tu sois fier de ta petite fille, qui a

bien grandi voilà 5 jours. Tu as emporté avec toi la dernière bribe

d'insouciance.

 

Ainsi, je ne peux m'empêcher de citer ce grand Père de notre patrie,

Napoléon:"Il faut vouloir vivre et savoir mourir".

 

Adishatz Colonel!