Cérémonies du 05 novembre 2014

PARIS

Plusieurs centaines de personnes, militaires, anciens combattants et simples citoyens, se sont recueillies au passage du cortège funèbre sur le pont Alexandre III, qui débouche sur l’esplanade des Invalides.

Une haie d’hommes en uniforme, dont beaucoup de l’armée de l’Air à laquelle appartenait le sergent-chef, ainsi que quelques officiers étrangers – notamment malien, nigérien ou nigérian – en stage à l’École de Guerre à Paris, se sont mis au garde à vous.

« On vient dire au revoir à un frère d’armes. Pour avoir mené les mêmes opérations, je sais ce que son sacrifice signifie », a témoigné le lieutenant-colonel malien Abass Dembelé. Parmi les anonymes, un homme était venu accompagné de ses deux petits-enfants âgés de sept et neuf ans. « J’ai voulu rendre hommage à un militaire tué au combat. C’est bien d’avoir ces hommages. Ce n’était pas le cas pendant la guerre d’Algérie ou en 1914-18?, dit Alain Minard, 74 ans.

 

Une cérémonie d’honneurs militaires s’est tenue ce matin aux Invalides à la mémoire du sergent-chef Thomas Dupuy, membre des forces spéciales, tué fin octobre lors d’une opération au Mali.

La cérémonie, réservée à la famille et aux proches, était présidée par le général Denis Mercier, chef d’état-major de l’armée de l’Air, en présence du général Grégoire de Saint-Quentin, commandant les opérations spéciales.


Thomas Dupuy, 32 ans, est le dixième soldat tué au Mali depuis le début de l’intervention française en janvier 2013. Il est tombé dans le massif du Tigharghar, dans la nuit du 28 au 29 octobre.
Il participait à une mission héliportée, appuyée par des avions de chasse et des hélicoptères de combat, contre un campement d’hommes lourdement armés. Deux soldats français ont été également blessés et une vingtaine de djihadistes “neutralisés”, selon l’état-major.


15H00 sur la base aérienne 123

Orléans Bricy

 

Au nez des deux monstrueux avions cargos A400M, les treillis des commandos parachutistes de l’air (CPA10) sont parfaitement alignés. Tout comme les uniformes bleus des pilotes, mécanos et autres aviateurs. À deux pas, diverses délégations : combinaisons noires du GIGN, du Raid, et auprès des proches du défunt, des agents de la DGSE, en civil, etc. Bref, la grande famille des « hommes de l’ombre » était réunie, hier après-midi sur le tarmac de la base aérienne d’Orléans-Bricy. Cela pour un dernier adieu à l’adjudant Thomas Dupuy, 32 ans, membre de l’unité orléanaise CPA10, tué le 29 octobre lors d’une opération visant à déloger un nid de terroristes réfugiés dans les reliefs du Nord-Mali.

Sous un ciel plus que menaçant, le cercueil drapé de tricolore, porté par les compagnons d’armes du défunt, apparaît. Accompagné des roulements sourds des tambours de la Musique de l’air.

un vibrant hommage présidé par le ministre de la Défense se déroulait à Bricy.

Face à la compagne, aux parents du disparu, Jean-Yves Le Drian, accompagné notamment de Kader Arif, secrétaire d’État aux anciens combattants, du n°1 de l’armée de l’air et du patron des forces spéciales, etc. rend un hommage appuyé au commando parachutiste, connu des siens sous le pseudo de « Denzel ».

Le ministre de la Défense évoque une mission entre décembre 2010 et janvier 2011, au Burkina Faso. Malgré des tirs nourris, l’équipe de « Denzel » parvient à neutraliser des preneurs d’otages. À l’automne 2011, en Afghanistan, le commando para sauve la vie de ses équipiers avant d’être atteint par un tir de roquette. Au Mali, en octobre dernier, après un saut en parachute à grande hauteur, il capture un important cadre terroriste puis neutralisera une quinzaine d’autres terroristes, avant de détruire un important stock de munitions.


« Au-delà du combattant, ce sont les qualités d’homme que je veux saluer », poursuit Jean-Yves Le Drian. Il cote « l’humilité », « le dévouement » d’un redoutable compétiteur qui remporta le titre de champion du monde de boxe thaï en 2004. Le ministre de la Défense épingle la croix de chevalier de la Légion d’honneur sur le cercueil qui, au son d’une marche funèbre, rejoint l’avion militaire « Casa », appelé à rallier Toulouse.

Originaire de Toulouse, l’adjudant Thomas Dupuy (élevé à ce grade après sa mort, il était sergent chef) était arrivé à Bricy au sein de la CPA (Compagnie de parachutistes) en 2009. Comme l’a rappelé le ministre de la Défense dans un long panégyrique. Il s’était illustré notamment au Togo, au Burkina Faso, en Afghanistan. Avant de tomber au nord Mali. Il faisait partie de cette unité d’élite, chargée des guidages laser avant un bombardement sur un objectif, de la sécurisation des terrains d’atterrissage, parfois aussi de la libération d’otages.

Un ex-otage français le journaliste d’Europe 1, Didier François, détenu en Syrie avec Nicolas Hénin, Pierre Torrès et Édouard Élias, de juin 2013 à avril 2014) a rendu un hommage ému à Thomas Dupuy sur le tarmac de Bricy. Ce CPA 10 de Bricy comporte 230 hommes dont une bonne partie s’est recueillie devant la dépouille de leur camarade, les autres étant toujours en opération au nord Mali, là où Thomas Dupuy est tombé. Cette unité, spécialisée aussi dans les sauts à très haute altitude, est la seule de l’armée de l’air. Thomas Dupuy comme l’a souligné le Ministre était par ailleurs champion du monde de boxe Thaï.

C’est en ces termes que Jean-Yves le Drian a décrit l’opération qui a conduit à la mort de ce soldat d’élite en s’adressant à lui: « élément moteur, incontournable tant au sein de votre unité, le CPA 10, une unité d’élite à laquelle vous êtes particulièrement attaché, que de vos groupes de combat, aux côtés de vos frères d’armes, vous êtes un sous-officier apprécié de tous. Le 2 août dernier, vous êtes engagé au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane. Vous vous y êtes illustré le 9 octobre en permettant, après un saut en parachute à grande hauteur et une infiltration sous voile d’une dizaine de kilomètres, de neutraliser et capturer un important cadre terroriste. Deux jours plus tard vous contribuez encore à la neutralisation d’une quinzaine de terroristes, ainsi qu’à la destruction d’un important stock de munitions. 

Enfin, le 29 octobre à 02h50 du matin, après un héliportage de nuit, appuyé par des mirages 2000 de l’armée de l’air et un drone Reaper, vous êtes pris sous un feu ennemi particulièrement nourri au cours d’un accrochage dans la vallée de l’Ametettaï, au sein du massif du Tigharghar. Progressant à la tête de votre groupe vous êtes mortellement touché, alors que deux de vos coéquipiers sont blessés. Malgré l’assistance immédiate et la protection que vos compagnons 
d’armes vous apportent, vous succombez à vos blessures… ».

 

Au terme de la cérémonie, le ministre de la Défense a déclaré que « les effectifs des forces spéciales, dont le rôle est essentiel, sont en train d’être renforcés pour passer de 3.000 à 4.000 hommes ».

Reportages: Figaro/AFP, Philippe Ramond La république du Loiret