Pour Alain
Alain Fuchs entre à l’Ecole de l’Air
avec la promotion BLERIOT en 1958 comme élève, élève officier, élève
ingénieur et élève pilote.
Pilote, il le sera en Afrique du Nord et sur hélicoptères, sa
vocation. Il effectuera donc sa carrière, ainsi il commande l’ EH
2 /67 "VALMY" à Metz. Après un séjour en État-major, il devient le
chef du Centre d’Instruction des Equipages d’Hélicoptères
"MAURIENNE" à Chambéry. Il y forme une bonne génération de pilotes
et d’officiers. Après l’ Ecole Supérieure de Guerre
Aérienne, il rejoint Papeete, la Polynésie française comme
COMAIR et commandant de la Base 190. De retour en Métropole,
affecté à l’ État-major des Armées, dans une unité en pleine
restructuration, il ne s’attend pas forcément à quelques coups bas
qui ne le laissaient pas de marbre mais qu’il traitait souvent,
sinon avec mépris, du moins avec lucidité et un humour
particulièrement corrosif. Avec ses étoiles de général, il est nommé
commandant en second du Transport Aérien Militaire
sur la Base de Villacoublay.
Sa carrière civile, ensuite, le laissera au
contact des militaires puisqu’il passera quelques années Boulevard
Saint Germain, au Secrétariat Général pour l’Administration du
Ministère de la Défense où on n’a pas souhaité voir partir à la (2°)
retraite un officier général de cette valeur, un homme aussi intègre
au service de l’Etat.
10 ans nous séparaient Alain et ses jeunes cadres de
Chambéry et nous avons appris à son contact, beaucoup plus qu’une
décennie d’expérience.
Humain, cultivé, spirituel, Alain avait à la fois une approche
technique très fine et très professionnelle des problèmes en plus
d’une vision calme et pragmatique de ces derniers. Un fin
psychologue, simple et modeste, trop modeste en public, ouvert en
privé, charmeur, érudit et… oh combien malicieux.
Nous avons appris la modestie et le travail bien
ficelé sous ses ordres mais aussi à son contact une forme
d’humanisme dans l’exercice du commandement. Il y avait toujours une
leçon à prendre auprès d’Alain et ses conseils n’étaient jamais
anodins. Et lui, il savait être proche de ses hommes pour les
connaître et en tirer le meilleur pendant et en dehors du service .
Nous étions biens !
Président de l’Association des Anciens des
hélicoptères Air (AHA) à la suite d’Alain à sa demande,
lorsque la maladie s’était faite trop pressante, j’avais toujours
besoin de m’appuyer sur ses avis. Sa mémoire étendue, son sens du
devoir, ses qualités de jugement, sa perspicacité étaient précieux.
Et que dire de ses analyses, de ses appréciations
cernées avec les mots justes !
Alors, nous garderons l’image d’un homme cultivé,
d’un officier de devoir, d’un ami très cher et fidèle, d’un maître à
penser d’une rigueur et d’une honnêteté intellectuelle hors du
commun. Un homme d’Honneur dont l’élégance de l’esprit et du verbe
va me manquer, va nous manquer.
Je me garderai bien d’omettre l’homme des bons mots
qui faisait notre conquête sur le champ et nous rendait complices
grâce à cette finesse de jugement, à cet esprit de répartie et à
cette perpétuelle malice.
Alors que la maladie sournoise se glissait chez toi
et que je te demandais l’issue d’un dernier traitement, tu n’as pu
t’empêcher de citer Alphonse Allais, avec tes gloussements et tes
épaules tressautantes comme à chaque bon mot : « Mon Dieu, mon
Dieu », à moins que ce ne soit : « Doux Jésus ! : les prévisions
sont toujours difficiles à faire… surtout lorsqu’elles concernent l’
Avenir !! »
Alain, l’Association des Anciens de l’Ecole de l’Air
et tes camarades de la promotion BLERIOT, l’Association des Anciens
et la famille hélicoptères, tes amis rassemblés te remercient pour
tout. Ils présentent à Nicole, Magali, Erwan et leurs proches, leurs
condoléances les plus attristées et les assurent de leur soutien en
ces moments difficiles à passer et à accepter.
ASLAF…Alain signait nos ordres de vol ainsi…Nous
avons un jour su ce que cela signifiait : ASLAF, « A » «S » « L »
« A » « F»… : Alain, Sébastien, Louis, Armand, Fuchs !!! Un petit
clin d’œil !!! Car, Alain, tes ordres de vol, aujourd’hui, nous ne
les avons pas préparés ni signés mais nous te souhaitons « Bon
vol », et nous te disons : « à bientôt de festoyer à nouveau
ensemble »…
Si DIEU nous l’accorde !
Michel
BENARD
VOISINS-le-BRETONNEUX
28
NOVEMBRE 2008
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